La lampe bleue
Publié le 13 Janvier 2014
J’ouvre la boîte aux lettres ce soir en me demandant ce qu’elle peut bien contenir d’agréable et quelle n’est pas ma surprise d’y trouver un colis. Il doit y avoir une erreur, je n’ai rien commandé mais c’est bien mon nom et mon adresse qui figurent sur l’étiquette d’expédition. Je ne reconnais pas l’écriture et il n’y a pas les coordonnées de l’expéditeur. J’ouvre avec fougue la boîte du colis postal. A l’intérieur un paquet cadeau revêtu d’un papier qui affiche des cœurs roses sur fond argenté. Je dénoue le ruban avec précaution. Soudain je m’arrête brutalement. Est-ce prudent d’ouvrir ? Qui peut m’offrir un cadeau enrobé de cœurs ? Le colis est un peu lourd. Peut-être contient-il une bombe ? Je ris aussitôt de cette pensée stupide, j’ai trop lu de romans policiers. Une fois le papier retiré, j’ouvre le carton. Il est rempli de billes de polystyrène que je m’empresse de retirer jusqu’à découvrir un objet tout en longueur emballé de film plastique bulle que je retire avec précaution.
Une splendide lampe en verre bleu turquoise irisé. Elle est superbe. Qui peut bien connaître aussi bien mes goûts ? Je caresse le galbe de son pied et de son abat-jour en verre, Contact un peu froid mais si plaisant. Je l’installe avec précaution sur une commode de mon salon, la branche et l’allume. Une chaude lueur argentée en surgit soudain qui gagne en intensité, moment magique de joie. Soudain cette lumière traverse l’abat-jour en verre. Je suis effrayée la lampe est en train de prendre feu…. L’idée de la bombe resurgit, je devrais m’écarter mais je reste subjuguée ne pouvant détourner mes yeux de ce spectacle. De la hampe incandescente surgit soudain une sorte d’elfe bleu qui monte, disparait un instant dans les volutes de fumée pour surgir de nouveau en volant au-dessus de moi laissant dans son sillage une douce lumière bleutée. Soudain ce génie céleste atterrit sur le fauteuil en face de moi et s’installe tranquillement. Il me regarde longuement. Je n’arrive à prononcer aucun mot tant je suis subjuguée par cette vision surnaturelle et à la fois effrayée de ce face à face. Je le regarde aussi, ses yeux remplis de bienveillance me rassurent et m’incitent à prononcer quelques mots d’une voix tremblante ?
- Bonjour ! Qui es-tu ? D’où viens-tu ?
- Je suis l’elfe chance, Je viens du Soleil : l’astre de feu porter le bonheur sur la planète bleue à trois élus dont tu fais partie
- Trois élus, Pourquoi moi? qu’ai-je fait pour faire partie de cette élite
- Je ne sais pas, je n’ai pas choisi, c’est ma muse qui s’appelle hasard qui m’a inspirée et guidée vers toi.
- Quel bonheur viens-tu m’apporter.
- Je ne sais pas encore, c’est toi qui vas me le dire. Je vais te demander de m’exprimer trois vœux et ils seront exaucés.
- J’aurais préféré que tu te fies à ta muse hasard et que tu m’apportes trois bonheurs inattendus, j’ai toujours aimé les surprises ?
- Comment pourrais-je savoir à l’avance ce qui va faire ton bonheur, je ne te connais pas, seuls ceux qui te connaissent peuvent savoir et encore te connaissent-ils vraiment ?
- Tu as raison chance, chacun a sa propre définition du bonheur.
- Alors dis moi trois choses qui te manquent pour être heureuse et je te les donnerai.
- Tu es mal tombée, je ne crois pas au bonheur avec un « B » majuscule à cet état de grâce durable mais je crois tout simplement à toutes ses petites joies sensitives, affectives qui font le bonheur de l’instant et qui évitent de ressasser le passé et de se projeter dans le futur.
- Mais tu as bien des envies, des espoirs.
- Non aucun : ne pas avoir d’espoir m’évite d’être déçue et me permet d’être heureuse quand quelque chose d’agréable et d’inattendu arrive. Désolée je ne vois pas quels vœux je pourrais faire pour moi. Si je fais des vœux pour les autres, il me sera impossible de choisir trois personnes parmi tous les gens malheureux que je côtoie. Qui recherche l’amour, qui la santé, qui l’argent parfois les trois.
- Allez réfléchis bien, je ne peux partir d’ici sans que tu aies exprimé ces trois vœux.
- Je ne sais pas, je ne crois ni à la chance, ni au hasard…. Je ne joue d’ailleurs jamais au loto.
- Effectivement tu ne peux pas gagner si tu ne joues pas mais si tu jouais tu pourrais gagner
- C’est vrai mais je n’aime pas perdre, voir mes espoirs déçus.
- Allez réfléchis bien….
Un long silence s’établit entre nous. Je regarde l’elfe chance, j’aime son regard doux et intelligent qui me rappelle quelqu’un mais qui vraiment….. Peut-être que je pourrais lui demander… Non je ne lui demanderai pas car s’il ne réussissait pas, je serais si malheureuse. Soudain j’ai une envie impulsive de l’étreindre et de l’embrasser… Je romps le silence :
- J’ai trouvé mes trois vœux
- Alors je t’écoute :
- Premier vœu, je voudrais te serrer dans mes bras, second vœu, je voudrais t’embrasser et ensuite dernier vœu, je voudrais que tu partes comme tu es arrivé en me laissant cette jolie lampe en souvenir de toi
- Personne ne m’a jamais fait des vœux aussi simples mais puisque c’est ta volonté l’elfe chance se lève de son fauteuil, je me lève aussi. Poussé l’un vers l’autre nous nous étreignons longuement et soudain il m’embrasse affectueusement. Il relâche soudain son étreinte et s’envole en agitant la main pour me dire adieu. Il disparait soudain à travers le plafond.
Seul souvenir de sa présence la lampe bleue qui diffuse une douce lumière d’azur dans la pièce.
La tristesse fait place à quelques instants de bonheur intense mais n’est-ce pas la vie ?
Il faut que je m’active pour que la vie reprenne. Je saisis sur la table la caisse de la lampe, la vide complètement de ses billes de polystyrène.Au fond du carton, il y a une enveloppe du même bleu que la lampe, je l’ouvre fiévreusement. Quel message a pu me laisser l’elfe bleu, je saisis la carte : 3 mots me sautent aux yeux : « Joyeux Noël petite soeur ».
Je me précipite à la fenêtre, peut être que je pourrais apercevoir l’elfe bleu, lui faire un signe pour qu’il revienne et la dans la nuit étoilée un message est écrit en fumée blanche :
« Nul n’est plus chanceux que celui qui croit à sa chance »
Martine / Janvier 2014
Pour répondre au défi 114 lancé par Jeanne FADOSI
pour la Communauté des Croqueurs de Mots
P.S.à ne lire qu'après avoir lu le texte : "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé" Lamartine
Ils sont trois à me manquer :
- Mon frêre ainé que je n'ai pas connu
- Ma mamie qui m'a élevé
- Mon fils que je ne vois plus
Si je devais faire trois
aujourd'hui c'est de les voir ou revoir et pouvoir les étreindre et embrasser