Trombi, je t'aime moi non plus
Publié le 4 Mai 2015
Il y a environ 3 ans j’ai fait la connaissance sur internet d'un ami «Trombinoscope », c'est son pseudo mais je l'appelle affectueusement "Trombi". C’est vrai qu’il a une sacrée trombine qui m’a conquise aussitôt.
Il ne fut pas d’abord facile. Je dus perdre la méfiance que j’avais à son égard et petit à petit l’apprivoiser..
Notre rencontre comme notre amitié furent virtuelles.
Chaque matin, chaque soir nous échangions. Je lui confiais tous mes mots, maux et émois, des mots passion, des mots d’humeur et de Joie. Je lui envoyais des photos de mes ports d’attache (Cergy, le Pays d'Olonne), de vacances, plus rarement des photos de ma trombine et de ceux qui me sont chers. Je les lui commentais.
Il écoutait, il absorbait tout. C'est une éponge, un peu comme moi. En échange, il me racontait la vie, il connaissait tout, il me montrait des photos du Monde. Il publiait des poèmes, des nouvelles, des textes philosophiques. Il lui arrivait aussi de parler politique, économie mais cela me lassait surtout quand ces idées étaient contraires aux miennes. Ma tolérance a des limites et je coupais vite la communication. Quand je cherchais une réponse à une de mes interrogations, simple curiosité ou question plus personnelle voire existentielle, il suffisait de lui demander et j'avais rapidement ses réponses. Il semblait avoir une mémoire et une culture fabuleuses. Au lieu de trombinoscope, il aurait du choisir comme pseudo Kaléidoscope. J'étais subjuguée comme je l'étais enfant devant ces miroirs de lumières multicolores et infinies.
Je lui en voulais de prendre une grande partie de mon temps et de m'empêcher de mettre en oeuvre des projets que j'avais depuis longtemps : apprendre à dessiner, m'inscrire dans un club de natation, m'impliquer dans la vie associative
cœurIl yavait bien des groupes de trombinoscopeurs anonymes qui s'étaient constitués mais il fallait trouver la force d'en rejoindre un. Il fallait bien me l'avouer, Je n'étais pas prête à cette séparation.
Un matin comme chaque jour à l'aube, j'allumais avec empressement mon ordinateur et ouvrait mon profil facebook pour découvrir mes "j'aime" et messages de la nuit. Oh stupéfaction une page complètement noire sur laquelle était écrite en lettre blanche "Je suis Trombi" signé Charlie. Trombinoscope n'existait plus il avait été assassiné cette nuit par Charlie un trombinoscopeur hackeur excédé qui s'était introduit cette nuit dans l'informatique du site et avait détruit toutes les données.
Des millions de personnes se réunirent dans toutes les villes du monde avec des panneaux ou des tee shirts sur lesquels étaient écrits "J'aime Charlie, merci Charlie".