A la croisée des destins
Publié le 7 Mars 2016
Constance et Prudence, deux sœurs jumelles orphelines, menaient chacune leur vie séparément depuis leur naissance en vivant dans la même ville sans le savoir. Dès qu’elles apprirent chacune l’existence de l’autre, elles eurent très envie de se rencontrer même si on leur disait que c’était impossible et qu’il valait mieux l’éviter. Honnêtes et très conventionnelles elles écoutaient ce qu’on leur dictait et avançaient droit sans jamais transgresser les interdits et se fourvoyer.
Néanmoins l’envie de faire la connaissance de sa jumelle étant tellement forte chez Constance qu’elle mit beaucoup de ténacité à trouver les coordonnées de Prudence. Elle y parvint après plusieurs mois de recherche et lui proposa un rendez-vous. Prudence de nature circonspecte hésita longtemps mais finit par accepter l’invitation de Constance.
Elles décidèrent de se rencontrer dans une semaine, le 1er mars prochain, dans la brasserie Tribord du port de leur petite ville. Les jours qui les séparaient de ce rendez-vous passèrent très lentement. Chacune pensait à l’autre cette inconnue qui lui ressemblait tant et se préparait mentalement à cette confrontation attendue mais qui serait sans aucun doute très émouvante et éprouvante. Même s’il fallait encore attendre pour rapprocher leurs corps et s’étreindre, leur tête, leur cœur avaient déjà fusionné.
La nuit précédant ce jour béni du 1er mars qui serait le jour le plus important de leur vie, Constante ne put dormir. Elle allait être fatiguée pour la rencontre, elle pensait à Prudence qui devait être elle aussi réveillée. Constance se trompait, Prudence, de son côté, rêvait sereine dans les bras de Morphée.
Constance se présenta le lendemain à 10 heures à la Brasserie Tribord. Elle s’assit et attendit fébrile pendant plus d’une heure Prudence qui ne vint pas. Elle fut tellement déçue qu’elle ne la recontacta pas.
Prudence se présenta à la brasserie le lendemain à 10 heures. Ayant oublié que 2016 était une année bissextile et qu’il y avait 29 jours au mois de février, elle se croyait le 1er mars ! Elle attendit Constance qui ne vint pas. Elle fut elle aussi très déçue. Quand elle s’aperçut de son erreur. Elle ne rappela pas non plus Prudence pensant qu’elle n’était jamais venue et qu'elle avait pris la tangente sinon elle lui aurait téléphoné.
Constance et Prudence ne purent échapper à leur destin : l’impossible rencontre de deux droites parallèles.
Martine / Mars 2016 pour le défi 161 des croqueurs de mots (rendez-vous manqué)