Flamme de vie
Publié le 19 Mars 2016
Il est une heure du matin. Couché dans mon lit, je contemple la bougie. Dans sa prison de verre, la protégeant des courants d’air, cette jolie fleur d’argent dans son pot neigeux vacille mais résiste toujours. Elle contemple ses multiples reflets dans les miroirs trompeurs de son écrin et du joyau en vert émeraude qu’elle sublime. Elle n’est plus seule cette nuit. Ma rayonnante amie résistera jusqu’au bout de l’usure. Combien de temps ses clartés d’or jouant avec les ombres obscures trembloteront-elles encore en enluminant les pages de mon livre dont je ne connaitrai jamais la fin. C’est la dernière page de ce roman, la dernière page de ma vie, je n’ai plus la force d’en tourner une nouvelle. Combien de temps résisterai-je encore, je ne veux pas m’éteindre avant elle. Inexorables, les aiguilles du réveil continuent leur route sereinement, sans s’enflammer, sans chanceler. Le temps est un fleuve infini et impavide dont nul ne peut arrêter le cours. Envoûté par cette flamme ardente comme celle du calumet de la paix que les hommes n’arrivent pas à maintenir bien longtemps allumé, mon cœur, rempli d’amour et de mélancolie, apaisé, ralentit. La flamme tressaute, mollit, se meurt. Je m’éteins en paix riche des pages tournées de ma vie. Au même moment dans le monde entier des flammes de vie s’allument insouciantes et confiantes.
Martine / Mars 2016 pour le nid de mots d'ABC