Tué à la tâche
Publié le 21 Septembre 2017
Dans son usine désertée,
il est le premier arrivé
Tout y est vide et silence.
Soudain il sent une présence.
Sa machine vieille et digne
semble l'inviter d'un signe.
Il s'approche avec précaution,
D'un geste la met en action.
Elle pousse un long gémissement,
S'ébroue et tourne lentement.
Avant de changer de route
il la regarde, l'écoute.
Des larmes longtemps refoulées,
brusquement il laisse échapper.
Abasourdie, elle hoquette.
Sans prévenir elle s'arrête.
Ce fut leur dernier message,
Comme un mutuel hommage.
Demain, elle déménage,
Il pointera au chômage.
Tué à la tâche et trop cher
Inutile qu'il espère.
A cinquante-sept ans révolus
on ne l'embauchera plus.
Martine / Réédition d’un poème de 2008 pour les jeudis en poésie des croqueurs de mots