Ma reine à moi
Publié le 20 Novembre 2017
Je m’appelle Edmond. Je vis chez papi et mamie que j’aime beaucoup.
Je n’ai jamais connu mon papa. Maman m’a abandonnée brutalement pour partir vivre très loin là-haut. Mamie me dit que Dieu l’a appelée pour qu’elle vienne habiter avec lui dans son pays au-dessus des nuages. Quand je lui ai demandé pourquoi maman est partie sans moi, elle me répond que le roi du ciel n’a pas voulu de moi et que Maman est partie seule car on ne peut s’opposer à la volonté de Dieu.
La maman de mon copain Arsène l’a quitté aussi mais pas pour le ciel, juste dans la ville voisine pour rejoindre un Monsieur qui travaille avec elle dans la fabrique de chaussures. Arsène a de la chance il peut voir sa maman. Quand je lui ai demandé si le nouveau mari de sa mère était le roi de l’usine et s’il portait une couronne. Arsène a rigolé en me répondant que, même si c’était le roi des cons laid comme un crapaud, il ne portait pas de couronne sur son crâne complètement chauve.
Quand je lui ai répondu, fier comme un coq, que ma maman était partie pour rejoindre un vrai Roi, celui du Ciel et qu’elle était reine désormais.il m’a rétorqué que j’étais un gros nigaud qui croyait tout ce qu’on me racontait. Ma grand-mère m’avait menti. Ma maman était morte et n’avait pu rejoindre Dieu parce qu’il n’existait pas. Comme je ne le croyais pas le soir en sortant de l’école, il m’a emmené sur la tombe de maman au cimetière du village où j’ai pu lire son nom sur une pierre surmontée d’une croix. J’avais encore espoir que ma maman divorce avec Dieu et qu’elle rentre sur terre mais j’ai compris à ce moment-là que je ne la reverrai plus jamais. J’ai pleuré, j’étais si triste mais aussi heureux que ma maman n’ait pas préféré Dieu à moi et qu’elle soit partie sans le vouloir.
En rentrant à la maison le soir, j’ai traité ma mamie de menteuse. Je lui ai dit que je savais que maman était morte et qu’elle n’était pas au ciel avec Dieu mais en pleine terre dans le cimetière du village. Je leur ai dit que je ne les croirai et ne leur parlerai plus jamais. Mamie m’a répondu en pleurant que, quand Maman est partie, j’étais trop petit et qu’ils n’avaient pas osé me dire la vérité trop douloureuse à supporter. Ils sont si tristes que je ne suis pas fier de les avoir peinés ainsi. Je comprends et je les aime bien. Je boude ce soir assis sur ma chaise en caressant le pull de maman que j’ai mis sur mes genoux et demain je leur reparle et leur fait un gros bisou pour me faire pardonner. J’irai aussi au cimetière porter une couronne en papier doré sur la tombe de maman : ma reine à moi.
Martine / Décembre 2017 pour le (Défi 195 des croqueurs de mots) animé par Josette