Cancer quand tu nous tiens
Publié le 12 Novembre 2018
C’est une belle journée d’avril 2016, je me rends au cabinet de radiologie passer mammographie qui me détecte un cancer (trois tumeurs dans le sein droite) : Je suis en colère contre la radiologue qui a été fort désagréable et anéantie intérieurement.
Le plus difficile va être d’annoncer la mauvaise nouvelle à mon Jeff alors que nous apprêtions à boire le champagne pour fêter le bonheur d’avoir obtenu le permis d’extension de notre maison vendéenne. Si je veux pouvoir voir cette extension terminée il va falloir que je tienne le coup et mener une dure bataille contre ce crabe, cet affreux Jojo qui m’a envahie. Pour cela Il faut aussi que j’ai de bonnes armes. Je décide de revenir sur Cergy quelques temps pour pouvoir me faire soigner à l’Institut Curie. Après un mois et demi d’examens dans l’attente angoissante des résultats : Une mauvaise nouvelle : la plupart de mes ganglions sont atteints ce qui va nécessiter une mastectomie avec un curage axillaire et une bonne nouvelle : je n’ai pas de métastases.
Mi-juin 2016 je rentre à l’hôpital pour me faire retirer ce sein malade. Je ne souffre pas physique mais psychologiquement c’est difficile, je n’osais même pas regarder ma cicatrice après l’opération mais les infirmières sont habituées et j’y suis arrivée avec leur aide.
A peine remise de cette opération qui nécessite des soins à domicile pendant quelques semaines, je débute mes 8 séances de chimiothérapie à raison d’une toutes les trois semaines ce qui me permet de revenir aux Sables d’Olonne entre les traitements. Grace aux médicaments prescrits, j’ai peu d’effets secondaires mais la fatigue m’envahit, Je me sens vidée mais comme j’ai de l’énergie en stock, je me force à bouger même si c’est difficile. Je m’efforce néanmoins de garder le sourire. C’est pour moi le meilleur des médicaments. C’est très important pour mes proches et notamment pour mon Jeff qui souffre certainement plus que moi de ma maladie. Je m’en suis rendue compte lorsque j’ai fait un malaise vagal et qu’il m’a ramassée inconsciente dans la douche.
La chimiothérapie thérapie terminée, je débute les 20 séances de radiothérapie à raison d’une par jour sauf le week-end pendant un mois, ce mois de décembre 2016. Ce fut pour moi un traitement indolore, juste une sécheresse de la peau sur les zones irradiées que je soulage avec de la crème hydratante. C’est par contre un traitement très fatigant. Aller tous les jours à Saint-Cloud par les transports en commun, j’y renonce, j’ai peur de faire un malaise vagal dans le RER dont les rames sont souvent bondées et me fait prescrire un transport en taxi.
Je fête Noël 2016 en famille comme chaque année et la nouvelle année avec mon Jeff. Nous sommes heureux que 2016 soit terminée et accueillons 2017 avec beaucoup d’espoir. La construction de notre extension avance bien. Je suis en rémission. Mon traitement très lourd vient de se terminer. Je devrais néanmoins prendre un comprimé par jour pendant 5 ans (hormonothérapie) pour limiter le risque de récidives.
Je sors de cette épreuve bien différente physiquement et moralement, plus heureuse qu’avant car je sais que ma vie peut s’arrêter brutalement et j’en profite un maximum. Moi qui n’étais pas sportive avant mon cancer, je fais maintenant plus de deux heures de sport par jour (marche sportive, jogging, aquabike et fitness en piscine). En Octobre 2018 j’ai même participé à la course de 5 km la Joséphine à La-Roche-sur-Yon et terminé avec un bon temps. Je ne me serai jamais sentie capable de courir 5 Km en 31 minutes. A chaque fois que je doublais une jeune femme cela me faisait plaisir et me redonnait confiance en moi.
J’ai perdu aussi ma meilleure amie depuis plus de vingt ans que j’avais connue au travail. Cette rupture a été douloureuse mais nécessaire Ayant changé, je trouvais que notre relation était devenue très toxique pour nous deux.
Je suis devenue hypocondriaque. A chaque douleur je m’imagine que l’affreux Jojo s’est réveillé et j’angoisse.
Pour conclure, Mesdames, n’oubliez pas de faire votre mammographie, c’est ce qui m’a sauvé la vie.
Martine / Novembre 2018 pour l'Atelier 78 de Ghislaine