Du noir sous la vague jaune
Publié le 13 Décembre 2018
Lors de sa promenade en ce dimanche de décembre le long de du remblai, son regard fut soudain attiré par un étrange et inhabituel paysage.
Il avança vers la rambarde qui surplombait la baie. Sur la vaste plage Il vit un groupe de gilets jaunes dont certains portaient le drapeau national. Ils posaient regroupés devant un joli dessin gravé sur le sable blond.
Il aurait pu descendre sur la plage pour s'approcher du groupe afin de mieux voir leur éphémère œuvre mais il ne le fit pas par crainte de souiller ses chaussures neuves sur le sable mouillé.
Pour observer de plus près ce très joli dessin il sortit de son sac son appareil photo et zooma pour déchiffrer ce qui était écrit sur le sable dans tous les sens et il lut "J'ai un remède pour la tête de l'état : Le Docteur Guillotin"..
Il relut de peur de s'être trompé mais non il avait parfaitement lu et il ne rêvait pas. Ce message faisant allusion aux heures les plus sombres de l'histoire de France provoqua au plus profond de lui comme un tsunami. Il était au bord du malaise. Il s'assit sur un banc le temps de se remettre et de raisonner pour chasser ce trop plein d'émotions qui le submergeait.
il avait toujours admiré ceux qui se battaient avec pugnacité pour défendre leurs idées ou intérêts c'est pourquoi au début il avait eu de la sympathie pour les gilets jaunes même s'il ne comprenait pas bien leurs revendications hétéroclites et parfois irréalistes avec de nouvelles chaque jour un peu comme les enfants préparent leur lettre au Père Noël. Et puis il y avait eu les manifestations de Paris dont la violence l'avait sidéré. La colère avait remplacé sa sympathie.
Cet ignoble appel populiste au meurtre du Président affiché ici en grosses lettres sur cette plage avec leurs auteurs bêtement fiers de leur trophée, œuvre éphémère que la marée allait heureusement effacer, fut pour lui un déclic.
Il y avait urgence à agir. Au loin il voyait arriver un avenir bien noir. Il allait lutter contre ces émeutiers récupérés et guidés en sous-marin par les extrémistes radicaux de droite et de gauche. Ils mettaient en péril l'économie du pays et la paix civile sans même se rendre compte qu'eux et leurs enfants en seraient les premières victimes parce que c’était toujours les plus défavorisés qui étaient fragilisés lors des crises économiques.
Il espérait que beaucoup de Français feraient comme lui s’ils arrêtaient de se taire ou de suivre comme leur ombre ceux qui parlaient le plus fort. Ensemble ils pourraient endiguer cette vague jaune pour espérer des lendemains plus roses.
Martine / Décembre 2018 pour l'Atelier 81 de Ghislaine (les mots soulignés sont les mots imposés)