Abraham ou La métamorphose
Publié le 25 Janvier 2019
Pour l'Atelier 84 de Ghislaine, manquant de temps, je me suis permise de reprendre un de mes textes de 2015 car il comportait déjà quatre mots comprenant "CHE" (en gras dans le texte)) et quelques mots imposés (soulignés). J'ai dû néanmoins le remanier un peu. En effet j'ai manqué de temps pour écrire un nouveau texte et je vous quitte pour une semaine que je passerai à Paris à m'occuper de mes petites filles, ma fille et mon gendre étant en province pour raisons professionnelles. Voici mon texte
ABRAHAM où la métamorphose
Je m’appelle Abraham. J’aime bien mon prénom avec ces trois A.
Ce matin de septembre devant le miroir la salle de bain je fais des vocalises :
- « Abraham do ré mi…. Abraham fa sol la …. «
Ce qui excède mon épouse, ma petite biche Sarah qui s’est réveillée de mauvaise humeur, elle interrompt mes exercices vocaux en me criant.
- « Arrête Abraham, tu ne chantes pas, tu brames comme un cerf en rut». Je ne suis pas prête, je suis en retard et tu me perturbes.
Je souris en continuant mes vocalises en montant d’un ton
- « do ré mi fa sol la : Abraham il brame »
Je sors de la salle de bain, je suis mal réveillé ce matin, je suis moi aussi en retard. Dans une semi-obscurité, J’enfile en vitesse une chemise blanche que j’ai prise au hasard sans même la chercher et mon complet noir corbeau. Pour touche finale je noue autour de mon cou une cravate rouge qui, je pense, exprime discrètement mon anticonformisme. Je ne veux pas ressembler à un croque-mort comme mes collègues de la banque de la City de Londres où je travaille et qui, jaloux de ma prestance, ne m’aiment pas. Je ne les aime pas non plus.
J’attrape machinalement mon chapeau melon comme je le fais chaque jour et je m’apprête à bien l’enfoncer sur ma tête bien pleine pour éviter qu’il ne s’envole au vent. Curieuse sensation, j’ai l’impression que mon chapeau s’est trop enfoncé, m’a recouvert le visage et va m’étouffer. Non, Je ne suis pas complètement dans le noir, j’aperçois l’armoire en merisier de notre chambre et la grande psyché. Je m’approche d’elle pour me contempler. Oh stupéfaction pas de chapeau. A la place je vois des bois de cerf qui ont poussé sur ma tête, non pas sur ma tête, horreur ce n’est plus la mienne mais celle d’un cerf posée sur mon corps d’homme.. Horrible vision je suis devenu un cervidé, un homme cerf vidé de toute vie.