Paul et le Merle Chanteur
Publié le 11 Février 2019
C’était un beau soir d’automne, le soleil couleur ambre déclinait à l’horizon. Au jardin, Paul écoutait le chant d’un oiseau posé sur une des branches du cerisier. En se délectant de ce sifflement fébrile du bonheur affiché d’un volatile, une flambée de joie l’envahit et il se mit à chanter le temps des cerises :
Quand nous en serons au temps des cerises
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur
Gai comme un pinson Paul aimait pousser la chansonnette mais chantant faux et trop fort, il braillait plus qu’il ne chantait. Les dernières paroles du refrain de la chanson « sifflera bien mieux le merle moqueur » déplurent au fier oiseau qui se sentit offensé par cet humain qui en plus chantait si faux que c’en était insupportable. Il fallait arrêter aussitôt ce tintamarre. Il prit soudain son envol et, comme l’humain chantait bouche ouverte et langue sortie, il se posa sur cette dernière. Le gueulard ne pouvait plus chanter mais il devait être ventriloque, Effrayé il hurlait maintenant. Voyant que l’oiseau ne lui voulait pas de mal Paul arrêta de crier et lui dit d’une curieuse voix sortie du fond de lui-même :
Merci bel oiseau de t’être approché de moi , ne t’affoles surtout pas je ne te ferai aucun mal bien au contraire « Dans l’âme de chacun de nous il y a un merle chanteur, la vie consiste à s’en approcher » (1)
(1) Citation de Metin Arditi dans Prince d’orchestre
Martine / Février 2019 pour l'Atelier 86 Ghislaine (Mots imposés en gras et thème l'humour)