Défi 219 des croqueurs de mots
Publié le 22 Avril 2019
Ma mère Marie Jo rencontra mon père Jean un dimanche de juin en marchant à Paris au Champ de Mars dans cet endroit unique à Paris où la ville est tranquille. Ce fut entre eux un coup de foudre qui lui fit abandonner son prétendant de l’époque qu’elle aimait pourtant beaucoup. Pour Marie Jo et ses deux amours qui, très sensible, avait une éponge trop pleine à la place du cœur, ce fut un choix difficile entre un amour raisonné et rassurant et une passion amoureuse incontrôlée avec tous ses dangers. Ce fut le dernier été de son célibat.
Dix mois après Le promeneur du champ de mars (comme elle l’appelait avant qu’il ne l’aborde et passe à l’attaque pour faire tomber sa réserve naturelle) devint son époux à la vie à la mort ou pour le meilleur, et pour le pire en présence de leur parents : Abraham et Aïda pour ma mère. Marius et Jeannette pour mon père.
Je naquis deux ans après à Paris au milieu du 20ème siècle. Je m’appelle Jeanne.
A cette époque, Mon père est ingénieur, Il est sorti indemne physiquement de la guerre d’Indochine mais très atteint psychologiquement par les exactions commises par les armées française et Viet Minh cette dernière qu’il surnommait "l’armée du crime".
Ma mère vient de quitter son poste de vendeuse dans une grande mercerie parisienne « Au fil d’Ariane », pour être embauchée au rayon chapeau du grand magasin « Le bon marché » si bien décrit par Emile Zola dans « le bonheur des dames ». C’est vrai que pouvoir s’acheter de belles toilettes dans un grand magasin parisien est un grand bonheur mais pas pour tout le monde. Il faut bien gagner sa vie. l’argent fait le bonheur des dames coquettes et aisées !
Mes parents avaient suffisamment d’argent pour vivre bien et heureux mais cet argent ne fit pas leur bonheur. Mon père se mit à boire et à dépenser beaucoup plus qu’il ne gagnait, il perdit son travail. Au lieu d’avoir en banlieue la villa en pierres de meulière dont ils rêvaient, ils eurent la visite des huissiers qui saisissaient tout le mobilier de l’appartement familial. Leurs disputes étaient violentes et me traumatisaient.
Pour m’évader de cette enfance difficile, j’allais dans un petit cinéma de quartier voir les aventures d’Angélique Marquise des anges à laquelle je m’identifiais. Le soir dans mon lit, je lisais les romans de Dehli et je rêvais d’épouser plus tard un beau et riche lord anglais pour devenir Lady Jane. Il m’emmènerait en Tanzanie voir les neiges du Kilimandjaro et faire le voyage en Arménie : pays d’origine de mes grands-parents maternels et que je rêvais de découvrir.
Pour échapper à un quotidien sordide, j’avais besoin de faire chaque jour un rêve impossible, de me raconter une histoire de fou dont j’étais l’héroïne extravertie et risque-tout (Dieu vomit les tièdes !) moi qui était si timide et prudente.
C’est ainsi que la résilience m’envahit et qu’elle ne me quitta plus ce qui me permit d’être heureuse et de supporter par la suite toutes les tempêtes de ma vie.
Martine : Pour le Défi 219 des croqueurs de mots animé par Laura Vanel Coytte (quel est votre réalisateur préféré)
A vous maintenant de découvrir mon réalisateur préféré à travers sa filmographie (18 titres de ses films sont présents dans mon texte).
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