Amitié virtuelle
Publié le 7 Mai 2019
Je n’ai jamais trop cru à la vraie amitié sur la blogosphère et pourtant je me suis fait quelques vraies amies mais le plus souvent après les avoir rencontrées. Je ne les citerai pas ici de peur d’en froisser certaines si par malheur je les oubliais car J’en ai rencontrées beaucoup depuis maintenant 12 ans et j’éprouve une vraie amitié pour beaucoup d’entre elles.
Je préfère rendre hommage deux d’entre elles qui ne sont plus puisque fauchées toutes deux par ce qu’on nomme "une longue maladie" pour ne pas dire cancer ce mot qui fait si peur !
- Armide dont les chroniques drôles, vivantes et sensibles de sa vie à Paris avec son bouledogue PISTOL m’enchantaient chaque matin. Elle est venue sur mon blog grâce à une de mes amies poète dont j'avais parlé. C’était une magicienne de l’écriture, intuitive, curieuse avec une grande élégance de cœur et d’esprit : Une bien belle personne. Nous nous sommes rencontrées plusieurs fois à Paris et à Cergy. Une profonde amitié est née. Pistol est mort en 2013. Armide nous a quittés en juin 2014. Je pense souvent à elle lors de mes promenades Cergyssoises. J'ai la curieuse impression qu'elle est présente à mes côtés lors de mes promenades aux étangs qu’elle avait beaucoup aimés tant j’en trouve là partout le souvenir.
- Marithé tant attachée à ma terre d’adoption le Val d’Oise qui l’avait vu naître et qu’elle avait quitté pour le littoral de la Loire Atlantique. C’est ce qui l’a fait venir sur mon blog Cergyrama. Je suis allée voir le sien en retour. Chaque matin elle me faisait beaucoup rire avec les photos, les dessins légendés qu’elle publiait. Derrière cet humour particulier, Marithé cachait une grande sensibilité, générosité, gentillesse. Elle aimait que les autres soient heureux et elle les faisait rire. Je me souviendrai toujours de la journée que nous avons passée ensemble avec nos époux respectifs sur l’île de Noirmoutier. Je garde précieusement dans ma cuisine le pot à sel qu’elle m’avait si gentiment offert. Ce geste témoignage d’amitié m’avait beaucoup émue. Une amitié est née de cette belle rencontre. Nous continuions à échanger par mail. Elle s’est éteinte en juin 2016. Je ne peux pas revenir à Noirmoutier dans les lieux où nous sommes allées ensemble sans avoir le cœur serré et retenir mes pleurs.
Je reste attachée à certains amis de blog que je n’ai jamais rencontrés car échanger des commentaires pendant plusieurs années cela tisse des liens même si souvent ces quelques mots laissés sont bien souvent des politesses sans réel intérêt si ce n’est celui de dire qu’on est passé, qu’on est là toujours fidèles.
Parmi ces amis il y en a que j’ai depuis longtemps envie de rencontrer mais je n’ose pas le leur dire par timidité certes mais souvent aussi parce que je ne sens pas, peut-être à tort, la même envie de l’autre côté et que j’ai peur d’être une nouvelle fois jetée comme l’a fait ma mère depuis ma naissance pour des raisons que j’ai comprises bien trop tard.
J'ai aussi de nouvelles amies de blog auxquelles je rends visite à chaque fois qu’elles publient un nouveau billet sauf le samedi et le dimanche qui sont des jours de repos sans PC. J’aime leurs blogs, je devine leur personnalité à travers leurs écrits et je suis certaines que la plupart d’entre-elles sont de belles personnes. J’aurais parfois envie d’en rencontrer quelques-unes notamment celles qui écrivent avec lesquelles je me sens en parfaite harmonie de pensée. C’est plus difficile pour moi de trouver cette osmose avec des blogueurs photographes que je n’ai jamais rencontrés et qui n’accompagnent pas leurs photos de texte. De nature méfiante, j’estime que je ne les connais pas assez pour envisager une rencontre, que nous pourrions être mutuellement déçues alors je me contente de ces échanges virtuels et c’est vraiment dommage.
Avant mon cancer, je pensais qu’il n’y avait pas de réelle amitié quand on n’avait pas dépassé le virtuel. J’ai changé d’avis depuis. Quelques-uns de mes vrais amis dans la vie pendant cette période m’ont laissé un peu tomber comme si j’étais contagieuse. Je pense qu’ils étaient gênés, ils ne savaient plus quoi me dire. J’en ai été profondément meurtrie. Certains sont revenus dès qu’ils ont su que j’étais en rémission. Peut-être que j’aurais eu la même réaction, la même peur à leur place alors je ne leur en veux pas.
Quelle ne fut pas ma surprise de voir que c’est une amie de blog que je n’ai jamais rencontrée dont je visite le blog depuis peu de temps qui m’a le plus soutenue. Elle m’a écrit régulièrement des mails me demandant de mes nouvelles, me racontant aussi son quotidien car elle a compris qu’il ne fallait pas me parler de ma maladie mais me distraire avec d’autres jolies choses de la vie et d’être là tout simplement. Elle m’a même adressé une carte postale qui m’a énormément touchée et que je garde précieusement dans le tiroir de ma table de nuit et un petit cadeau pour Noël : un petit pantin de bois à suspendre dans le sapin. Je ne vous dirai pas son nom. En me lisant elle se reconnaîtra. J’aimerais tant la rencontrer mais nous habitons loin l’une de l’autre à l’opposé du pays.
Je voulais la remercier particulièrement. Sa bienveillance et son amitié m’ont été précieuses et ont participé à ma guérison. Je suis reconnaissante aussi à tous ceux que je n’ai jamais rencontrés mais qui, à travers les commentaires du blog ou même par mail, m’ont demandé de mes nouvelles. Ce n’est pas grand-chose, un tout petit rien qui est vraiment beaucoup pour celui qui reçoit ce témoignage de sympathie. J’en suis d’autant plus touchée que je suis une taiseuse. Je n’aime pas afficher avec bruit et sans pudeur mon amour, mon amitié et qui n’ose pas ouvrir ma porte et donner la clef de mon cœur. Cela peut paraître paradoxal, je peux plus facilement exprimer maladroitement sous stress mon désaccord ou mon inimitié et comme on dit dans le langage populaire « jeter le bébé avec l’eau du bain ».
Martine / Rediffusion d’un texte de 2016 légèrement modifié pour l’Atelier N° 94 de Ghislaine ayant pour thème l’amitié (les mots imprimés sont en gras dans mon texte).
Excuse moi Ghislaine je n’ai pas eu le temps d’écrire un texte inédit. Je me suis occupée de mes petites filles pendant une semaine et je prépare maintenant mon déménagement ce qui explique aussi mon absence sur les blogs amis que je visite mais en laissant peu de commentaires.