Complainte du second de cuisine licencié
Publié le 20 Janvier 2020
Pour le défi 230 des croqueurs de mots, Fanfan nous demande de parodier la célèbre tirade monologue de Don Diègue dans le Cid de Corneille en remplaçant les trous par d'autres mots. C'est chose faite. J'ai mis beaucoup de temps tant ce défi était difficile mais néanmoins ludique. Les mots que j'ai remplacés sont en gras dans mon texte ci-dessous :
N’ai-je donc tant pleuré que pour cette vacherie ?
Et ne suis-je usé dans les travaux atroces
Que pour vivre en un jour infect tant de reproches ?
Mon bras, qu’avec feintise toute cliente admire,
Mon chef, qui tant de fois a accru cette emprise,
Tant de fois affermi l’étendue de son droit,
Trahit donc ma confiance, et ne fait rien pour moi ?
Ô amer souvenir de ma chance passée !
Travail de tant de jours en un jour effondré !
Nouvelle catastrophe, fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d’où tombe mon grand cœur !
Faut-il de votre traitrise voir triompher la haine,
Et poursuivre sans vengeance, ou vivre dans la peine ?
MOF, sois de mon honneur à présent l’assassin
Ce haut grade n’admet point un chef sans sens humain;
Et ton jaloux rejet, par cette éviction insigne,
Malgré le choix du père, m’en a su rendre victime
Et toi, de mes exploits dérisoire instrument,
Mais d’un cœur tout de bois inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette cuisine,
M’as servi de couteau, et non pas d’armure
Va, quitte désormais le monde des ordures,
Passe, pour me guider, en d’infernales mains.
Martine Martin (janvier 2020) pour le défi 230 des croqueurs de mots animé par Fanfan.