L'homme indigo de Muriel Lecou Sauvaire
Publié le 23 Août 2020
Cyril interne en réanimation néonatale à Paris retourne dans le village de son enfance en Bretagne pour l’enterrement de sa mère, Elsa, veuve mystérieuse semblant indifférente à tout même à la haine des habitants de son village pour des raisons obscures à son fils. Il découvre avec stupeur un carnet que sa mère a tenu, un journal intime où elle relate la vie de son fils en se mettant dans sa peau et en exprimant à sa place les sentiments qu’il ressent vraiment et qui commence ainsi « J’ai dix ans, je m’appelle Cyril. Je démarre ce cahier pour me sentir moins seul. Je m’invente un ami. C’est ma mère qui me l’a conseillé. Ce qui veut dire, bien sûr, qu’elle n’a pas envie d’entendre mes secrets ce qui veut dire aussi qu’elle sait que je suis seul »
Qui était sa mère, qu’a-t-elle commis d’impardonnable aux yeux des habitants qui, la prenant pour une sorcière, la craignent.
La rumeur gronde en silence dans ce village comme si les raisons pour lesquelles ils la haïssent ne pouvaient être exprimées à ceux qui les ignorent et notamment à son fils qui ne vit plus au village. Tous contre une. Une fois Elsa morte, cette haine qui rassemblait les habitants risque en disparaissant de briser cette concorde communautaire et faire surgir d’autres haines.
Cyril finira par connaître le secret de sa mère... et de son père qui, à la fin de sa vie haïssait aussi son épouse. Il sera aidé dans sa quête par Odile, une amie d’enfance, amoureuse de lui que soudainement il a fui. Elle était une des seules avec sa mère Brigitte à bien aimer Elsa.
Ce roman m’a beaucoup émue, je l’ai lu très vite tant j’étais pressée de découvrir le secret d’Elsa. L’écriture est simple (pas de mots inutiles) mais belle. J’ai beaucoup apprécié les descriptions des paysages colorés, lumineux de cette Bretagne littorale des côtes d’Armor. En lisant, j’ai eu l’impression d’y être, de sentir le vent marin, celui qui vous mouille d’embruns.
J’ai refermé ce livre avec regret. Même si on peut deviner dans l’épilogue ce que sera la vie de Cyril après avoir percé le secret de sa mère, j’aimerais tant qu’il y ait une suite pour savoir comment va-t-il se reconstruire après cette révélation et des années de solitude.
Citations du livre :
« Ma mère me passe des lotions, des crèmes, elle me touche la figure constamment depuis que je suis défiguré. Elle me touche la figure comme un automate qui ne peut plier les bras. De loin, à distance. Ses doigts m’effleurent à peine. Peut-être pour me faire croire que je ne la dégoûte pas. Mais je sais que je lui fais horreur, je leur fais horreur ».
« Comment peut-on arriver à se sentir si seul, quand on a une famille et qu’on est encore un enfant ? Je voudrais que quelqu’un réponde à mes questions. Mais je n’ai plus envie de les poser. Elles sont murées au fond de moi »
« Aujourd’hui, j’ai dit à mon père : Odile est comme une sœur pour moi ! « Il a encore lancé à ma mère ce fameux regard accusateur. Elle a baissé les yeux. Cette fois je n’oublierai plus que je ne dois rien leur dire »