Fin d'une vie
Publié le 7 Octobre 2021
Dans son usine désertée,
il est le premier arrivé
Tout y est vide et silence.
Soudain il sent une présence.
Sa machine vieille et digne
semble l'inviter d'un signe.
Il s'approche avec précaution,
D'un geste la met en action.
Elle pousse un long gémissement,
S'ébroue et tourne lentement.
Avant de changer de route
il la regarde, l'écoute.
Des larmes longtemps refoulées,
brusquement il laisse échapper.
Abasourdie, elle hoquette.
Sans prévenir elle s'arrête.
Ce fut leur dernier message,
Comme un mutuel hommage.
Demain, elle déménage,
Il pointera au chômage.
Tué à la tâche et trop cher
C'est inutile qu'il espère.
A cinquante-sept ans révolus
on ne l'embauchera plus.
Martine Martin / pour les jeudis en poésie du défi 253 des croqueurs de mots animé par Jeanne Fadosi