Publié le 30 Septembre 2019
Chez moi vivait un immigré clandestin.
Au début de notre cohabitation, j’appréciais sa présence. Malgré nos différences nous nous complétions bien. En effet je suis rationnelle et il m’incitait à mieux anticiper, à voir au-delà de mon quotidien. J’appréciais mais petit à petit, mon naturel a repris le dessus. Il s’en est rendu compte et bien qu’il ait essayé de se manifester de manière plus discrète, je ne le supportais plus. Il me créait des besoins inutiles, me faisait rêver à d’enchanteurs lendemains. Je n’arrivais même plus à apprécier ma vie quotidienne qui, loin d’être idyllique, n’était pas pour autant déplaisante, bien au contraire si je me comparais à certaines de mes amies. J’étais plutôt chanceuse.
De plus en plus je me méfiais et craignais ce clandestin un peu cabotin. Je ne le supportais plus. N’ayant aucun don de divination, je ne pouvais savoir ce qu’il me préparait mais j’avais l’intuition qu’il me trompait et qu’en croyant à ses balivernes, j’allais fatalement à ma perte.
Ce ne serait pas facile mais il fallait que je m’en débarrasse. Ce fut long et Je n’y suis pas arrivée seule.
Deux êtres m’y ont aidé :
- Un vilain crabe qui en m’envahissant m’a montré à quel point ce mauvais lutin m’avait trompé et qu’il était inutile de faire des plans sur la Comète sans savoir si on pourrait les réaliser un jour. On n’échappe pas à son destin
- Mon meilleur ami qui m’a ensuite montré à quel point je pouvais compter sur lui et profiter de chaque instant à ses côtés comme si c’était le dernier. Avant je vivais avec lui mais sans m’en rendre compte c’était comme s’il n’était pas vraiment là car je voulais toujours mieux et était en quête permanente d’un bonheur irréel. Cet ami s’appelle « aujourd’hui » et il m’a aidé à chasser définitivement « demain » qui agissait en moi en sous-main alors qu’il ne pouvait jamais exister réellement : Demain devient automatiquement « aujourd’hui » dès lors qu’on le vit
Martine (septembre 2019) "demain en sous main" pour les jeudis en poésie du défi 224 des croqueurs de mots que j'ai le plaisir d'animer (Thème : hier)
N.B. : Pour conserver à mon texte un certain suspens, je n'ai pas donné à mon texte le titre "demain en sous-main" mais c'est ce titre qui m'a inspiré l'écrit que vous venez de lire