Sauves toi vite 2010....
Publié le 30 Décembre 2010
Si 2009 fût une année ordinaire, 2010 ne le fût pas et je pense qu’avec 1982 l’année de la mort de ma grand-mère ce fut la plus mauvaise année de ma vie :
Nous passons le 1er janvier à l’île de Ré. Il fait froid, il y a beaucoup de vent mais nous aimons cette île qui est si belle à toute saison. A défaut d’être aventurière et de traverser cet océan, J’aime les îles de l’atlantique. Je peux y rêver d’autres rivages, d’autres îles lointaines. Je m’y sens comme sur un bateau au milieu des flots et sans le mal de mer. Eh oui, c’est un comble d’avoir le mal de mer quand on est descendante de marins bretons !
Nous passons une semaine à sillonner l’île à pieds et en voiture. Je me souviens, du coucher de soleil sur Saint-Martin vu depuis le clocher de l'église et un soir au dessus du phare des baleines après l’orage, un arc en ciel marquant le ciel d’encre de sa courbe diaphane multicolore : un instant d’émotion et de pur bonheur.
Je n’oublierai pas la tempête à Ars sur le Martray, la mer en colère, les vagues géantes venant se briser sur la jetée où nous étions et nous arroser pour nous punir de les figer sur les photos, pour nous engager aussi à plus de modestie et nous rappeler que leur force pouvait nous emporter.
J’ai rencontré dans l’île à la flotte un de mes premiers « blogopotes » Michel, allias Pich : le photographe, le peintre qui sait si bien traduire sur ses photos et tableaux les contrastes de cette île partagée entre rudesse de l’océan et douceur de ses villages aux maisons blanches fleuries. Un bel échange amical dans un café du port de La Flotte.
En Janvier, je suis pleine d’énergie et d’espoir, je commençe un combat. J’ai décidé de ne plus me laisser faire, de ne pas céder aux pressions humiliantes de toutes sortes pour me forcer à négocier mon départ de l’entreprise. Oui j’ai décidé d’ester devant les prud’hommes pour que le harcèlement dont je suis la victime soit reconnu et puni. J’ajoute à ma demande d’indemnité une demande de résiliation de mon contrat de travail aux torts de l’employeur. Puisqu’ils veulent que je parte, je ne vais pas m’imposer après le jugement. J’ai bien pesé cette décision. C’est certain je retrouverai du travail mais pas aussi bien payé que celui que j’avais mais avec les indemnités cela pouvait compenser et il faut que je parte de cette entreprise pour retrouver la sérénité perdue.
Beaucoup d’amis, de relations me disent admiratifs : c’est courageux ce que tu fais. Je ne le pense pas à l’époque. Je suis certaine de gagner, cela fait 3 ans que je prépare cette action et mon dossier est bien fourni.
En Mars ; la conciliation a lieu. Elle ne sert à rien sinon à connaître la date du jugement./le jeune avocat de mon employeur se contente de dire « nous ne comprenons pas la demande de Madame X…, nous avons besoin d’elle, c’est un élément de très grande valeur, pourquoi veut –elle partir à 3 ans de la retraite ? Nous en avons besoin, pourquoi la licencierions nous ? Je suis stupéfaite par tant d’hypocrisie, pourquoi alors m’ont-ils alors supprimé ma prime annuelle. Mon avocate s’étonne aussi devant cette stratégie de défense ce qui est rare pour un avocat ! . Elle m’avait dit qu’il fallait que je m’attende au jugement à ce qu’ils me critiquent et que ce ne serait pas facile.
Je vais mettre toute mon énergie dans ce combat avec l’objectif d’enrichir mon dossier chaque jour. La solidarité de certains collègues qui me font des attestations factuelles pour prouver ce que j’avançe me touche beaucoup alors qu’ils sont encore présents dans la Société. Certains d’entre eux n’y sont plus aujourd’hui, Eux ont accepté une négociation pour partir la préférant à une action judiciaire plus longue et risquée.
Seules les vacances me permettent de me ressourcer et ainsi de tenir sur la longueur. Fin mars, nous partons une semaine à La clusaz à dont 4 jours avec notre fille, son conjoint, nos deux rayons de soleil que sont nos petites filles de 2 ans ½ et 8 mois et la sour de mon marie et sa fille de 10 ans petite haïtienne adoptée. Joie de les voir faire de la luge, de rire ensemble, de se promener dans la neige et de jouer avec elles aux dominos et lotos imagés les jours d’intempéries. Elles sont souriantes, pleines de joie de vivre, d’énergie et très affectueuses.
Après cette semaine retour à la réalité du travail. Le plus difficile : échanger avec mon avocate à l’emploi du temps très chargé. Je ne suis pas la seule, il faut savoir que les avocats travaillent dans l’urgence, peut être une façon de ne pas confondre les dossiers qui peuvent se ressembler parfois mais c’est très difficile à vivre pour le client angoissé.
Juin à Nice où nous avons passé 4 jours. Plaisir de revoir notre fils et sa compagne, nos deux petits fils qui sont très gentils. Nous les voyons peu, ils nous manquent tant. Quel Bonheur qu’ils acceptent de passer une semaine avec nous en Ardèche en Août avec ainsi la perspective de les revoir bientôt pour oublier la frustration de passer seulement une seule demi-journée avec eux.
Joie de revoir mon amie Françoise, qui habite Nice, de nous promener avec elle dans ce beau jardin botanique italien à la végétation luxuriante, invitation permanente au voyage. C’est peut être pour cela que lorsque je repense à ce jardin, ces quelques vers de Baudelaire me reviennent : « Là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté »... Je me souviens aussi de notre arrêt sur la moyenne corniche et la vue superbe sur la baie et Villefranche….
Plaisir de déjeuner ensemble une immense paella dans un des restaurants de Menton en bord de plage.
Retour à la réalité avant les prochaines vacances mais pour peu de temps.
Fin aout arrive vite et les vacances en Ardèche. Joie de retrouver notre fils, sa compagne et les petits. Un début de semaine agréable. Nous renouons vite la relation avec les petits qui sont très éveillés et gentils. Nous ressentons profondément que notre fils est gêné à notre contact. Il s’efforce d’être agréable mais il nous parait triste et cela nous peine vraiment. Après 4 jours ensemble, c’est le clash. Je déplace un de mes petits fils pour mettre la table et sa maman me dit de le laisser où il est. J’allais le laisser quand Jeff s’énerve en lui disant que ce n’est pas aux enfants de décider.
Notre fils s’emporte, traite son père de con et d’abruti. Ils font leurs valises et s’en vont sur le champ à 20 heures le soir. J’essaye de le raisonner mais rien n’y fait. Cela nous gâche la fin des vacances. De plus nous n’avons pas aimé l’Ardèche, trop de monde en août et paysages bouchés comme à la montagne. Connaissant notre fils je sais qu’il ne nous rappellera pas et nous n’osons pas le faire de peur de nous faire de nouveau rejeter.
En septembre nous lui écrivons pour lui dire que nous l’aimons tout simplement. Aucune réponse.
En octobre pour son anniversaire, nous appelons chez lui , sur son portable. Aucune réponse. Nous lui envoyons des chèques cadeau. Nous ne saurons jamais s’il les a reçus.
En novembre, nous fêtons les 60 ans de jeff, mon époux. Nous recevons une vingtaine d’invités à la maison. La fête est réussie même si le cœur n’y est pas. Nous espérions que notre fils allait appeler son papa pour ses 60 ans. Silence, de nouveau. Notre fille lui offre un week-end pour 2 à Prague (hôtel et avion compris).
Autre préoccupation : Novembre et le jugement aux prud’hommes approchent. Je n’arrive plus à me concentrer, à écrire, je perds ma créativité. Mon esprit est trop absorbé par toutes ces difficultés
La semaine d’avant le jugement, nous la passons au Center Park de l’Aisne. Nous sommes tellement préoccupés que nous oublions tous nos appareils photos. Une semaine de vraie détente afin d’aborder la semaine décisive avec plus de recul. Il fait froid dehors et c’est à la fois relaxant et vivifiant de pouvoir descendre les rivières artificielles d’eau chaude fumante avec vue parfois sur le lac d’Ailette.
Détente le soir dans notre cottage en pilotis sur le lac où nous avons la chance de pouvoir profiter d’un sauna privé, de flambées le soir dans la cheminée et de pouvoir admirer les oiseaux du lac depuis notre grande terrasse.
La terrasse de notre cottage et sa vue
Joie de faire la connaissance d’Alrisha une blogopote et de visiter Soissons avec elle
Nous revenons et je suis prête pour le jugement. La veille j’apprends qu’il n’aura pas lieu parce que l’avocat de mon employeur ne peut pas s’y rendre, il a une autre audience je jour la !!! C’est un des prétextes utilisés très souvent par les employeurs pour gagner du temps, épuiser l’adversaire, le forcer à négocier.
Résultat, le jugement est repoussé en Juin 2011 et pendant ce temps , on ne me donne plus de missions, plus de projet à manager. Quand je m’en émeus, on me répond : prospectez, il faut développer le chiffre d’affaires. Je prospecte donc sans motivation mais je n’y arrive pas à le faire à plein temps. Mes objectifs annuels se partagent de façon également entre développement commercial et réalisation de missions. Je m’y tiens.
Ils ont sous-estimé ma ténacité et le fait que je ne m’ennuie pas, cela me permet de réfléchir, de prendre du recul aussi.
Début décembre, nous partons à Prague et nous passons 4 jours merveilleux dans cette ville surprenante par ses contrastes, sa luxuriance mais si attachante. Une trêve bienvenue .
Les fêtes de fin d’année approchent. Nous écrivons à notre fils pour savoir ce que veulent les petits pour Noël. 2 jours après, j’appelle avec un nouveau téléphone dont il n’a pas le numéro et il répond. Je suis heureuse d’entendre sa voix même si il est très sec avec moi. Je lui dis que nous l’aimons, que nous sommes tristes. « Bien sûr, Qu’est ce que tu veux ? » me répond il d’un air moqueur. Tant pis, Je l’ai eu et je suis contente.
Il accuse réception mais très brièvement des cadeaux reçus. Nous écrivons des cartes pour leur souhaiter un joyeux Noël.
C’est le noël le plus triste de ma vie. C’est la première année que nous ne faisons pas de sapin. Nous ne pourrons même pas le passer avec ma fille et nos petites filles puisque notre fille qui est gastro-entérologue hospitalière est d’astreinte ce jour la. Nous le ferons un autre jour mais cela ne sera pas pareil. J'essaye d'avoir mon fils au téléphone et les petits mais je tombe sur la messagerie. Je laisse un message, il ne rappelle pas.
La Saint-Sylvestre approche ….Alors sauves toi vite Année 2010. l'année en trop, la première année du reste de ma vie, de ma survie…. et je ne dirai pas vive 2011 car Je n'en attends rien.
Que va-t-elle néanmoins m’apporter ? Rendez-vous dans un an.