Bribes d'adolescence (1) - Marie-Pierre

Publié le 3 Avril 2010

Voici la suite de ma biographie. Après :

 

C’est ainsi qu’arriva dans ma classe Marie-Pierre. On aurait dit un garçon. Assez grande, forte, les cheveux courts, elle avait une belle assurance et nous toisait tous avec ses petits yeux à la fois malicieux et narquois. J’admirais son assurance et je n’eus pas trop d’efforts à faire  pour devenir son amie. Ses parents que je ne vis jamais tant elle était livrée à elle-même étaient des ouvriers. Elle se fichait comme moi de la religion et il nous arrivait d’avoir des fous-rire que nous essayons tant bien que mal de cacher pendant les prières imposées en début de journée et avant de déjeuner.

Elle vivait dans une cité HLM de notre ville qui n’avait pas bonne réputation. Elle souffrait comme moi d’un manque d’amour et d’attention. Tout ceci nous rapprocha et nous furent très vite inséparables. Je ne me sentais plus seule. Finies les récréations ou je restais adossée à un mur à observer les autres, à envier leurs vies mais sans vouloir vraiment leur ressembler. 

Cette amitié ne plaisait pas à certains professeurs qui faisaient tout pour nous séparer en classe. Le professeur d’anglais, nous reprocha un jour notre « instinct grégaire ». Il nous fallut regarder dans le dictionnaire pour bien comprendre ce qu’elle avait voulu dire.  Je pense avec du recul qu’elle avait bien compris que ce grégarisme ne nous poussait pas au meilleur bien au contraire. Il fallait que nous nous distinguions de toutes ces petites mijaurées bien polies et policées qui étaient nos compagnes de classe et dont nous nous moquions ouvertement. Nous aurions pu avoir quelques problèmes mais il se trouvait que la Nouvelle directrice avait pris Marie-Pierre en affection et qu’elle m’aimait bien aussi. Un jour que Marie-Pierre était absente pour avoir tenté de se suicider en avalant des médicaments, la Directrice m’appela dans son bureau et m’indiqua qu’elle allait revenir et qu’il fallait que je sois très gentille avec elle et que je l’environne bien.  Elle me demanda aussi de la prévenir si je voyais que cela n’allait pas. Cette confiance me toucha mais je m’en sentis indigne. Il est difficile d’aimer sans rien attendre en retour quand on est soi même en quête d’amour.

Les week-ends je sortais avec Marie-Pierre et ses nombreux copains de sa cité. Nous allions à Paris, nous promener dans les bois de Saint-Cucufa. Certains avaient des motos et nous montions derrière et faisions quelques promenades pétaradantes en ville. Nous flirtions. Ces sorties en ville n’étaient pas discrètes et un jour de mais 1968, époque qui nous donnait encore plus envie de nous émanciper, nous fumes vues par notre professeur d’anglais alors que nous étions entrain de flirter avec nos copains à la sortie du bois de Saint Cucufa.

Le lendemain en classe (les écoles privées étaient les seules à rester ouvertes), elle nous demanda de changer de place en disant : « Mesdemoiselles COSQUER et HENRI  puisque vous aimer la chaleur, allez vous installer au fond de la classe près du radiateur. A cette époque, il n’y avais plus de poêle ».  Ma mère fut convoquée par Mademoiselle LORIOT le professeur de sciences qui m’aimait beaucoup. En ma présence, Mademoiselle LORIOT lui dit que j’avais de mauvaises fréquentations et qu’il fallait qu’elle contrôle mes sorties. Je fus surprise d’entendre ma mère lui répondre qu’elle me faisait confiance et qu’elle faisait confiance aussi à mes amis. Je n’avais pas l’habitude de la voir prendre ma défense et celles de mes copains qu’elle ne connaissait pas. Je continuais donc à sortir avec Marie-Pierre et sa bande. Et nous flirtions avec beaucoup de garçons.  Marie-Pierre était profondément amoureuse de l’un d’entre eux, Marc un brun pas vraiment beau mais qui avait un certain charme et surtout beaucoup de maturité.  Je n’avais pas compris sa passion pour lui en particulier.  Je n’en étais pas vraiment amoureuse mais il m’attirait. Ce qui devait arriver arriva, je sortis avec lui.  Marie-Pierre ne me le pardonna pas et ce fut la fin de notre amitié, la fin du flirt avec Marc et avec les autres de la bande. Je n’en voulus pas à Marie-Pierre. Je la comprenais et je culpabilisais. Je m’isolais de nouveau encore plus qu’avant.

Je sortais de ma solitude une fois par an pour aller au rassemblement annuel de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) à Montfort-L’amaury. J’aimais échanger avec ces jeunes venus de différents horizons. Je me sentais enfin appartenir à une communauté.

 

Marie-Pierre quitta l’école quelques temps après. Je n’ai jamais cherché à savoir ce qu’elle était devenue.


Rédigé par eglantine

Publié dans #Vécu

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C
La vie en a décidé ainsi : vous deviez vous perdre, je suppose. Je reviendrai lire le reste une autre fois. Bises et bonne journée!
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E
C'est une belle amitié qui finit mal. Etonnant que vous ne vous soyez jamais recontactées. Bon dimanche et bisous
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A
<br /> La fin d'une amitié à cause d'un garçon. Dommage que vous n'ayez pas réussi à vous expliquer ! Mais souvent à l'adolescence, on est catégorique.<br /> Bises de la nuit Eglantine !<br /> <br /> <br />
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S
<br /> J'avais cru te reconnaitre dans ton couriel signé Martine, je suis venus sur celui-ci pour voir ta photo et elle n'y était plus.Bonne soirée.<br /> <br /> <br />
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Q
<br /> Tu sais, je crois que les amitiés ont bien du mal avec ces premières amours... Mais, finalement, je me demande si cette amie qui t'était si chère ne serait pas heureuse de te voir aujourd'hui.<br /> :-)<br /> <br /> Mauvaise fréquentation ? Je crois qu'il n'y en a pas vraiment de mauvaises... il y a celles par lesquelles on apprend, en positif, finalement.<br /> <br /> Je t'embrasse, passe une belle journée.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Bises du jour : impossible de laisser un commentaire sur ton autre blog<br /> <br /> <br />
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:
<br /> Bon jeudi ! Bisoux<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Merci encore pour ces tranches de vie sans fard<br /> que tu nous donnes en partage...Je savoure.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Je suis ton parcours avec beaucoup d'intérêt<br /> bises<br /> françoise<br /> <br /> <br />
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E
<br /> Les amitiés intenses de la jeunesse résistent rarement au temps qui passe.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Bonnes fêtes de pâques<br /> <br /> <br />
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B
<br /> 68..je n'étais pas née mais le temps nous apprend que le sens amitié/amour n'a point changé.<br /> Toujours aussi agréable de lire tes Brides d'enfance. Bise Eglantine<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Ma vie fut bien sage à côté, mais l'on sent une profonde tristesse dans ce récit.<br /> Moi aussi j'ai fait partie de la JOC, à Neuilly.. mon mari est un ancien de la JOC. Elle en a marié des jeunes, la JOC.. !<br /> bisous<br /> clem<br /> <br /> <br />
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P
<br /> C'est difficile l'amitié...<br /> <br /> <br />
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C
<br /> oh c'est dommage de perdre une amie à cause d'un garçon<br /> ah là là ces mecs hein ???? mais bon,elle n'aurait pas du t'en vouloir à ce point<br /> <br /> Bisous<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Je te souhaite de bien commencer cette semaine avec de joyeuses Pâques ! Pascal.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Les bois de St Cucuffa !!!! mais c'est où ?<br /> Belle et drôle à la fois cette amitié : encore la preuve que les histoires de .... cassent tout.<br /> Et tant de choses qui me reviennent quant à moi, j'ai presque honte de la pudeur de te lire qui m'apporte tant mais tu le sais déjà.<br /> La suite....<br /> mERci Jolie Fleur.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Une suite bien pénible en somme<br /> Amitiés, Flo<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Récit poignant.<br /> <br /> <br />
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Q
<br /> lu et approuvè.........c'est pas bien de piquer<br /> le mec des autres lol<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Je vais revenir pour tout lire. Juste ce passage pour te souhaiter de Joyeuses fêtes de Pâques.<br /> Gros bisous Eglantine !<br /> <br /> <br />
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N
<br /> Ils ne sont pas tous doux à se souvenir, les souvenirs d'enfance... N'est-ce pas, Egantine ?<br /> Je t'embrasse<br /> Nettoue<br /> <br /> <br />
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M
<br /> merci pour ton com bon we de Pâques $$$<br /> <br /> <br />
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D
<br /> très bien raconté,tu vas pouvoir en faire un livre,prendre le copain d'une autre !! tststst,bonne journée de dimanche pascal<br /> <br /> <br />
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:
<br /> C'est souvent le cas, à l'adolescence, que des amitiés cassent à cause d'un problème de flirt ... Dommage ??? Je ne sais pas, une amitié vraie devrait être plus forte que ça.<br /> Bon dimanche ! Bisoux<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Simulitudes d'une jeunesse comme d'autres en ces années68..Pourquoi aurais-tu été différente, les flirts étaient parfois cruels envers les uns et les autres, des passions qui s'éteignent, la vie<br /> qui passe..bisous<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Je retrouve dans ta Note beaucoup de points communs avec ma vie à cette époque à Nantes!<br /> Je fréquentais l’aumônerie du collège (technique) et participais aux activités de la JOC. Mon copain s’appelait Alain et c’est lui qui m’as retrouvé pat le Net l’an dernier. Depuis, nous découvrons<br /> « nos vies d’adultes » en correspondant par courriels. Il est l’auteur du poème que j’ai publié avec la photo du chat. Très bonne fête de Pâques, je t’embrasse<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Toujours intéressant de te lire. Je te souhaite un beau dimanche de Pâques.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Chère Églantine,<br /> une heureuse et joyeuse fête de pâques à toi et ta famille, je t'embrasse bien fort et te souhaite une excellente soirée, mes amitiés, gros bisous, à très très bientôt! ;-)<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Parfois le destin nous réserve des surprises inespérées ; c'est ce que je souhaite qu'il soit arrivé à ton amie.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Le bois de Saint Cucufa, nous aurions pu nous y rencontrer!!!<br /> <br /> Re bises.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> J'espère que tu as retrouvé une nouvelle amie, gros bisous, Monique<br /> <br /> <br />
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<br /> tu étais bien jeune en 1968...sauf erreur....à suivre Martine.... la suite svp.....<br /> <br /> <br />
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R
<br /> dans cet état d'esprit difficile de garder une amie. surtout si elle aussi ressent le même mal être.<br /> de toute façon, la vie se charge de séparer les êtres.<br /> bisous et joyeuses pâques<br /> <br /> <br />
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A
<br /> j'attends avec impatience le samedi pour connaître la suite....<br /> dommage que cette belle amitié ait fini à cause d'un garçon,mais c'était prévisible!<br /> le principal, c'est le souvenir que tu en as gardé.<br /> mai 68...j'étais déjà dans le monde du travail...<br /> j'aime te suivre....car j'essaye moi même de récupérer des "bribes" du passé....<br /> bisous et bonne soirée.<br /> <br /> <br />
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