Bribes d'enfance (4) - amitiés
Publié le 20 Mars 2010
Voici la suite de ma biographie. Après :
- Bribes d'enfance (1) Les années bonheur (1953 / 1959)
- Bribes d'enfance (2) - La fille de papa
- Bribes d'enfance (3) - les années difficiles
Ci-dessous bribes d'enfance (4) - Amitiés
Après le départ de Renée, la vie reprit comme avant. Mon père buvait de plus en plus ce qui nuisait à sa santé. Il était souvent en arrêt maladie et pour tuer le temps, il s’adonnait à
l’alcool. Progressivement, je quittais l’enfance. Je m’étais adaptée à cette école, aux professeurs, à mes camarades mais je
gardais au fond de moi une rancœur tenace.. Ce n’était pas de l’adaptation mais de la résilience.. J’ai toujours fait des efforts énormes pour m’intégrer partout, j’y suis arrivée en
surface seulement car j’ai toujours au fond de moi et encore aujourd’hui l’impression d’être un vilain petit canard au milieu des cygnes.
Les amitiés d’enfance sont inoubliables. Je me souviens d’Ariane, de son beau visage, de la force de son regard, de ses cheveux blonds cendrés. Nous étions inséparables. Elle fut la
seule que j’osais inviter chez moi dans cet appartement qui suintait d’humidité mais qui transpirait aussi la pauvreté et le mal être. Je savais qu’elle ne m’en voudrait pas et qu’elle
resterait mon amie. J’allais aussi chez elle dans un bel appartement cossu mais que je trouvais triste sans aucune fantaisie. Elle ressemblait beaucoup à sa maman, la même élégance, le même
charisme adouci par un regard intelligent et généreux. Son père qu’Ariane craignait m’impressionnait par sa taille, sa corpulence, sa raideur militaire mais je sentais que cette carapace
protectrice cachait une certaine sensibilité. Ariane avait un frère, Yves, grand, mince et très discret. La maman d’Ariane m’aimait beaucoup et j’étais la seule de ses amies à être invitée
chez elle. Nous écoutions ensemble à la radio dans sa chambre « Salut les copains » et nous nous confions nos joies et nos peines. Après les vacances, à la rentrée des classes, nous
étions toujours très heureuses de nous retrouver.
J’avais une autre amie, Annie, blonde aux yeux bleus dont je me souviens plus le prénom. Elle vivait avec sa mère qui vivait avec l’ambassadeur en France d’un pays d’Afrique. Son père un
belge lui manquait beaucoup. Un jour elle me montra sa photo. C'était un très bel homme qui lui ressembait beaucoup. Elle vivait dans une belle villa style colonial en bord de seine. Elle
m’y invita une fois. J’étais impressionnée par la taille de la cuisine et la richesse des lieux. Il y avait une cuisinière et des domestiques. Sa maman m’accueillit très bien. Annie et moi
devions partir quelques jours plus tard en classe de neige par train. Elle me proposa de m’emmener à la gare de Lyon avec sa fille. Le soir du départ, je me rendis chez elle et nous partîmes dans
une imposante limousine noire arborant le fanion étoilé. L'ambassadeur un africain très élégant m'accueillit avec un grand sourire s'assit à l'avant et je m'assis derrière avec
mon amie et sa maman. Le trajet passa vite, trop vite. Je pris beaucoup de plaisir à traverser Paris à bord de cette voiture. J'étais dans un monde qui n'était pas le mien mais me
faisait rêver. Annie resta peu de temps à l'école. La belle maison fut vendue quelques temps plus tard pour en faire un centre aéré de la ville. Je fus très attristée de son départ.
La Directrice de l'école autocrate et acariâtre qui me faisait toujours sentir ma différence partit à la retraite. Ce fut pour moi un vrai soulagement. Elle fut remplacée par une autre vieille
demoiselle au cheveux blancs qui me parut tout de suite sympathique. Elle nous enseignait l'histoire avec enthousiasme et j'attendais chaque semaine avec impatience ses cours. Je pense
sincèrement qu'elle m'aimait bien même si elle ne laissait rien paraître. L'école y gagna en ouverture et on y vit quelques élèves arriver qui n'appartenaient pas à la bourgeoisie de la
ville.
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