Bribes d'enfance (5) - Fin d'enfance
Publié le 27 Mars 2010
Voici la suite de ma biographie. Après :
- Bribes d'enfance (1) Les années bonheur (1953 / 1959)
- Bribes d'enfance (2) - La fille de papa
- Bribes d'enfance (3) - les années difficiles
-
Bribes
d'enfance (4) - Amitiés
L’ancienne Directrice enseignait le Français ce qui n’était pas le cas de la nouvelle.
Elle embaucha une jeune femme entre 30 et 40 ans qui me plut tout de suite. Elle avait les cheveux retenus
en une longue et rousse queue de cheval , un visage très pâle constellé de tâches de rousseur et éclairé par un regard clair très expressif.
J’imaginais souvent que ma mère n'était pas la mienne. J'imaginais que ce nouveau prof aurait pu être ma mère ou
en tout cas que c'est comme cela que j'aurais aimé qu'elle soit. J’ai toujours eu l’écriture facile et je redoublais d’effort de créativité et d’expression dans mes rédactions pour lui plaire, la
surprendre par ma maturité acquise par les difficultés de la vie.
J’y réussis facilement. Je me souviens m’être passionnée pour Chateaubriand et ses mémoires d’outre tombe et d’avoir fait avec Ariane un exposé sur cet écrivain et sa vie à Combourg dans son donjon qui lui servait de Chambre. Nous étions dans notre pleine époque romantique et nous imaginions le petit François René les nuits d'orage dans son donjon.
Je lus aussi sur ses conseils l’Emile de Jean-Jacques Rousseau.
Souvent après la classe, nous échangions. Elle s’intéressait à moi, cherchait à savoir comment je vivais, ce que
je lisais. Je lui parlais de ma grand-mère qui m’avait appris à lire et surtout m’avait donné le goût de la lecture, même si c’était des romans un peu à l’eau de rose qu’elle me faisait lire
comme les Dehli qu’on pourrait aujourd’hui comparer aux romans des Éditions Arlequin.
Je lui parlais des films que mamie qui venait de perdre papie m’emmenait voir au cinéma : Sissi impératrice,
les Hauts des Hurle vents, Mayerling…
Moi et mammie à cette époque à Paris 14ème
Je lui disais aussi ma passion pour Jules Vernes que mon père m’avait fait découvrir en m’achetant à crédit (qu’il ne payait pas) toute une collection.
Je ne luis parlais pas de l’indifférence de ma mère, de sa dépression, de l’alcoolisme de mon père. Cela m’aurait certes soulagée mais de ces choses là je ne pouvais en parler aisément.
Je me souviens d’une fête de l’école. Elle y acheta un petit sachet père noël fait main en papier crépon rouge et blanc décoré et qui contenait un chocolat. Elle me l’offrit. Je dégustais le chocolat et je gardais précieusement l’emballage que je collais le soir même dans mon journal intime, journal que j’ai hélas détruit par la suite pour que personne d’autre que moi puisse en prendre connaissance. Je le regrette encore aujourd’hui
Je grandissais et quittait progressivement l’enfance pour l’adolescence, la période où les garçons commencent à
vous regarder d’une façon déplaisante, la période des premiers émois amoureux, des premiers baisers timides car on ne sait pas trop comment s’y prendre. On s’est dit entre filles qu’il faut
embrasser avec la langue mais sans vraiment avoir un mode d’emploi
précis !! On ne veut pas avoir l’air bête et empruntée mais on l’est forcément.
Lors d’un séjour de vacances en Italie à Massa dans un camp de jeunes avec le Comité d’entreprise de la
banque où travaillait mon père, Je rencontrais Antonio un italien beaucoup plus âgé que moi qui n’arrêtait pas de me tourner autour, qui m’amusait beaucoup en me disant avec un sourire de
cinéma « Tou es la plou belle fille du monde », il me faisait beaucoup rire et ce fut mon premier flirt juste pour essayer et faire comme tout le monde.
L’été suivant j’ai rencontré dans un autre camp à Dubrovnik dans l'ex Yougoslavie (à l’époque) un jeune étudiant journaliste. Ce fut mon premier amour. Il était brun, la peau mate avait de grands yeux noirs pleins de douceur. Il était romantique et tendre à souhait et j’étais follement amoureuse. Hélas les vacances ne durèrent que quelques jours, je suis revenue en France, nous nous sommes écrits quelques temps. Il promettait de venir me voir. Il ne vint jamais et nous sommes perdus de vus. Je me demande aujourd’hui parfois ce qu’il est devenu et s’il a survécu à cette guerre fratricide horrible entre bosniaques et serbes.