Le reste de ma vie (1) : Le mariage
Publié le 8 Mai 2010
Après :
- Bribes d'enfance (1) Les années bonheur (1953 / 1959)
- Bribes d'enfance (2) - La fille de papa
- Bribes d'enfance (3) - les années difficiles
- Bribes d'enfance (4) - Amitiés
- Bribes d'enfance (5) - Fin d'enfance
- Bribes d'adolescence (1) - Marie-Pierre
- Bribes d'adolescence (2) - Les années collège
- Bribes d'adolescence (3) - Rencontre sur les ondes
- Bribes d'adolescence (4) - Fin d'adolescence
Voici la suite de ma biographie
Après les fiançailles nous souhaitions nous marier rapidement mais pour pouvoir nous marier il fallait trouver un logement.
Ma mère qui connaissait beaucoup de monde dans le quartier apprit qu'un couple et ses enfants qui habitaient un pavillon en location allaient le quitter. Nous visitâmes cette petite maison au fond d'une avenue en impasse à proximité de la gare du RER. Elle avait besoin d'un bon ravalement et n'avait vraiment aucun charme au premier regard. Elle avait été la maison des gardiens d'une grande propriété bourgeoise. Il y avait une cuisine et une salle de séjour en rez-de-chaussée et à l'étage une très grande chambre, une plus petite et une salle de bain. Il y avait une cave. Le seul inconvénient c'était que la maison était chauffée par une chaudière au charbon qu'il fallait recharger matin et soir. Le grand jardin avec un cerisier et un mirabellier était très agréable et finit de nous convaincre. L'agence acceptât de nous louer cette maison qui nous convenait beaucoup mieux qu'un appartement HLM. Nous imaginions déjà nos enfants jouer dans ce jardin.
Une fois la maison trouvée, nous nous occupâmes des préparatifs du mariage. Mes parents n'ayant pas d'argent, il fallait juste compter sur nos salaires qui n'étaient pas élevés à l'époque et sur les parents à Jeff qui contribuèrent à la réussite de cette cérémonie.
Un samedi nous nous rendîmes chez Pronuptia choisir ma robe de mariée. La vendeuse me montrât de superbes robes qui me firent rêver mais je n'avais qu'un budget très limité et ne put m'acheter la robe que je souhaitais ce qui me fit fondre en larmes dans la boutique. Jeff me consola et finalement je trouvais une robe beaucoup moins onéreuse mais qui me plaisait.
Nous allâmes chez le bijoutier choisir des alliances en or blanc dont nous fîmes graver l'intérieur avec nos prénoms, deux coeurs et la date du mariage.
Nous déposâmes une liste de mariage au Printemps.
Le papa à Jeff s'occupât de faire imprimer des faire-part. Il connaissait un imprimeur. Il trouvât aussi un restaurant dans les hauts de Suresnes qu'il connaissait et qui était très agréable : La ferme du Mont Valérien.
Pour faire plaisir à ma grand-mère paternelle et aux parents de Jeff, il fallut nous marier à l'église ce qui ne nous réjouissait pas, Jeff étant aussi athée que moi. Nous dûmes aller voir le curé, faire semblant d'être croyants. Nous fûmes tout de suite crédibles puisque nous dîmes au curé que nous souhaitions que ce soit mon grand oncle Arsène père dominicain (le frère de ma grand mère) qui célèbre la messe de mariage. Nous dûmes néanmoins comme les autres assister aux séances de préparation au mariage ou on nous assenait de conseils à l'eau de rose que nous trouvions débiles. Nous choisîmes des textes et la musique pour la cérémonie.
Le grand jour, le samedi 23 juin 1973 arrivât bien vite. Il faisait beau, très chaud, quelle chance mais la journée débuta par les voeux de ma mère pour mon mariage qui me blessèrent profondément et mirent une ombre sur cette belle journée "Je te souhaite d'être aussi malheureuse avec Jeff que je l'ai été et que je le suis encore avec ton père afin que tu puisses mieux me comprendre". Mots poignards qui ouvrent des blessures en vous qui même si elles s'atténuent avec le temps ne cicatriseront jamais complètement.
DEVANT LA MAIRIE DE RUEIL. De gauche à droite : la maman de jeff, mon amie ariane, maman papa, la tête de ma petite soeur entre nous deux , mon amie Brigitte, Marc l'ami de Jeff., le papa de Jeff. Ma grand mère paternelle qui m'a élevée est derrière ma tête et à ses côtés ma grand mère maternelle.
Mon père aurait souhaité que ce mariage soit célébré par le Maire qu'il connaissait en tant que militant gaulliste. Jeff et moi nous n'aimions pas ce maire et heureusement nous y échappâmes. C'est le premier adjoint qui nous était plus sympathique qui nous unit devant un nombre restreint d'invités.
La grande cérémonie avec la famille, tous les amis et voisins était pour l'après-midi à la Chapelle Sainte Thérèse. Nous étions désormais unis officiellement pour le meilleur et pour le pire comme on dit.
L'après midi à la chapelle c'est au bras de mon père que je rentrais dans l'église, papa s'était fait violence pour m'y conduire et avait dû renier une promesse qu'il s'était faite celle de ne plus jamais entrer dans une église.
Jeff y entrât au bras de sa maman.
Nous échangeâmes les alliances devant mon oncle Arsène qui célébrât la messe toujours aussi sérieux sans aucun sourire. Personnellement j'aurais préféré le curé de la paroisse mais j'avais accepté qu'il célèbre la messe pour ne pas décevoir ma grand-mère dont c'était l'idée.
Nos témoins mon amie Brigitte signant et à droite Marc l'ami de Jeff
Nous signâmes les registres avec nos deux témoins mon amie Brigitte et Marc un copain à Jeff. Nous sortîmes de l'église main dans la main.
Devant le parvis de la chapelle, les invités nous attendaient. Je fus étonnée de voir qu'il y avait une enseignante de l'école Notre-Dame qui était là invitée par les parents de Jeff, celle qui justement s'inquiétait il y a quelques temps de mes mauvaises fréquentations et du fait que je puisse mal tourner.
Inutile de vous dire que ce n'était pas moi qui l'avait invitée. Elle vint me féliciter. Je compris à la remarque qu'elle me fit sa surprise de me voir moi la fille d'une famille pauvre au père mécréant épouser un fils d'une bonne famille catholique de la ville et leur stupéfaction qu'il puisse y avoir un curé dans ma famille. Elle n'avait certainement pas compris cette demoiselle que si on est en grande partie responsables de ce que deviennent nos enfants, on ne l'est aucunement de ce que sont nos ascendants, dommage car parfois on les changerait.
J'étais très pudique à l'époque mais aussi très provocatrice et aussi pour la choquer, je fis un gros bisou sur la bouche à Jeff devant ses yeux et celui du photographe qui le saisit pour l'éternité.
Après l'église, mes beaux-parents avaient prévu une "garden-party" dans leur jardin pour tous les invités. Ce fut
un moment très agréable.
Nous rejoignîmes le restaurant et dans ce décor fermier d'une auberge cossue, nous reçûmes nos invités juste la famille et nos amis les plus proches autour d'un grand buffet dansant. Jeff qui savait être disc jockey pour des amis avait choisi la musique. Peu m'importait la musique puisque je ne l'avais jamais aimé et mon esprit était ailleurs, je commençais à angoisser pour l'après fête.
En effet, je n'avais jamais auparavant fait l'amour et je redoutais plus que je désirais ce premier rapport sexuel qui devait traditionnellement clôturer la journée.
Des amis nous raccompagnèrent tard dans la nuit dans notre petite maison et nous nous endormirent tendrement dans
les bras l'un de l'autre mais sans respecter la tradition. J'attendais que Jeff prenne l'initiative, il ne la prit pas et cela enfin de compte m'arrangeait et retirait mes angoisses pour la
journée au moins.