Le reste de ma vie (4) - C'est une...C'est un.... beau bébé
Publié le 29 Mai 2010
Après :
- Bribes d'enfance (1) Les années bonheur (1953 / 1959)
- Bribes d'enfance (2) - La fille de papa
- Bribes d'enfance (3) - les années difficiles
- Bribes d'enfance (4) - Amitiés
- Bribes d'enfance (5) - Fin d'enfance
- Bribes d'adolescence (1) - Marie-Pierre
- Bribes d'adolescence (2) - Les années collège
- Bribes d'adolescence (3) - Rencontre sur les ondes
- Bribes d'adolescence (4) - Fin d'adolescence
- Le reste de ma vie (1) : Le mariage
- Le reste de ma vie (2) : Le voyage de noces
- Le reste de ma vie (3) - En attendant le premier enfant
Voici la suite de ma biographie :
Le mercredi 18 février en fin d'après-midi, je ressentis les premières contractions et Jeff me conduisit aussitôt à l’hôpital de Saint-Germain en Laye.
On m’installât dans une chambre, les contractions continuaient mais elles n’étaient pas assez intenses mais suffisamment pour m’empêcher de dormir.
Le lendemain matin nous en étions au même point. Je commençais à m’impatienter. On me fit une piqûre pour augmenter les contractions. La piqûre fut efficace, je souffrais beaucoup plus mais je trouvais cela supportable par rapport à ce que j’avais imaginé. Aucune douleur dans le ventre, tout dans les reins. On me conduisit en salle de travail, Jeff m’accompagnât. On me demandât de pousser, je m’exécutais mais les contractions n’étaient pas assez fortes et le bébé ne sortait pas. On me demandât de pousser plus mais j'étais au maximum de mes possibilités.
Quand la sage-femme s’aperçut que le bébé ne sortirait pas elle décidât de m’anesthésier pour le sortir aux forceps. On fit sortir Jeff de la salle, le médecin anesthésiste arrivât de mauvaise humeur en disant que c’était toujours à l’heure du café qu’on l’appelait. Le pédiatre arrivât aussi. J’angoissais depuis que j’avais entendu le mot forceps. C’est après un forceps que ma mère avait perdu son premier bébé à la naissance. L’histoire allait-elle se répéter. L’anesthésiste me fit la piqûre et je ne pus assister à la naissance de notre premier enfant.
Je me réveillais dans la salle de travail avec un bébé dans un berceau transparent habillé avec la petite brassière que j’avais tricotée. Je le trouvais très beau. Il y avait une infirmière dans la salle et je lui demandais si tout allait bien pour mon petit garçon. « Elle va très bien. Me dit-elle c’est une fille de 3,4 Kilos ».
Je fus très étonnée, un peu déçue je l’avoue mais j’étais tellement contente d’être maman d’un très joli bébé en pleine santé Elle prit le bébé et me le mit dans les bras. Un des moments inoubliables de ma vie. Je décidais de l’appeler Laurence en souvenir de la poupée que m’avait offerte ma grand-mère et que ma mère avait donnée quand j’avais eu quinze ans car d’après maman j’étais trop grande pour jouer à la poupée et il fallait mieux qu’une petite fille pauvre qu'elle connaissait puisse en profiter.
Maman était altruiste mais très dure avec elle et avec moi.
Un brancardier nous ramenât dans notre chambre. Je retrouvais Jeff qui découvrit sa petite fille. Il était très
heureux. Je dormis bien la nuit d’après. L’angoisse était partie, j’étais heureuse. Une aide soignante me réveillât à l’aube le lendemain matin, très tôt et de manière très brutale. En me donnant
le thermomètre elle prononçât des mots que je n’oublierai jamais. « Vilaine maman qui n’a pas su sortir toute seule son bébé ». Cela n’a l’air de rien mais je me mis à culpabiliser.
J’étais incapable de faire l’amour, incapable d’accoucher sans aide…. Étais-je normale, le voulais je vraiment ce bébé. Quelques mots, juste quelques mots maladroits et le peu de confiance que
j'avais dans mes capacités à être maman disparût.
La puéricultrice me montrât comment changer le bébé et moi qui suis horriblement maladroite, j’y arrivais bien du premier coup ce qui me fit oublier quelques temps ces mots qui reviendront souvent me hanter dans ma vie dans les moments de doute.
Je décidais d'allaiter et c’était un plaisir de donner le sein à Laurence tout en lui parlant. Ma mère vint me
voir. Elle fut froide comme à son habitude, se penchât auprès du bébé…. Et oui maman c’est une fille, encore une fille mais c’est ta petite fille. Mon père était à l’hôpital, un séjour de
plus, il dépérissait chaque jour tué par l'alcool. Aurais-je le temps de lui montrer sa petite fille.
Le 24 février ce fut mon anniversaire, j’avais 23 ans. J’était une bien jeune maman. Jeff vint avec ses parents et il amenèrent une bouteille de champagne et des coupes qu’ils avaient dissimulées. Il était interdit de boire de l’alcool à l’hôpital mais ce champagne bu en cachette pour fêter la naissance de Laurence et mon anniversaire avait un goût exquis.
Mes grand-mères vinrent me voir aussi et furent en admiration devant leur première arrière petite fille. Mes amies vinrent aussi, je reçus des cartes, des fleurs. J’étais comblée.
Une semaine après l’accouchement, je sortis de l’hôpital. Jeff vint me chercher en voiture. Nous avions acheté une vieille R10 et nous rentrâmes avec Laurence à la maison… Notre vie de parents commençait. Que nous réservait-elle ?
Les premières semaines, premiers mois furent très difficiles pour moi. J'étais très fatiguée. Laurence était un bébé qui dormait très peu et pleurait beaucoup. J'étais angoissée de la voir ainsi. De ne rien pouvoir faire pour la calmer et ceci m'énervait. Les seuls moments joyeux dont je me souviens ce sont les tétées. Je regardais Laurence dans les yeux avec amour et j'avais l'impression qu'on se comprenait. J'aimais aussi le moment du bain que Laurence appréciait mais c'était aussi angoissant, j'avais peur qu'elle tombe. dans l'eau.
La nuit je dormais peu même quand elle ne pleurait pas, j'avais peur qu'elle ne se réveille pas. Un bébé c'est beaucoup de joie mais beaucoup de peur. De plus à la maison, je déprimais, je m'ennuyais de ne pas travailler. Deux mois après la naissance de Laurence, mon père mourût à l'hôpital. Ce fut très difficile pour moi partagée entre l'amour que j'avais pour mon père et le dégoût qu'il m'inspirait. Je dûs l'annoncer à ma grand mère paternelle et son chagrin me fit très mal. Il ne verrait pas sa petite fille grandir. De quoi allait vivre ma mère sans le salaire de mon père ? Tout cela finit par me déprimer encore plus et je pense que Laurence dut le ressentir.
Il était urgent pour ma santé morale et celle de ma fille que je reprenne mon travail rapidement. C'était le seul
moyen d'aller mieux même si c'était très difficile de laisser Laurence à quelqu'un d'autre. Ma belle mère demandât à une de ses voisines que je connaissais, si elle pouvait prendre Laurence. Elle
acceptât et je repris mon travail dans le laboratoire pharmaceutique tranquillisée car cette nourrice que je connaissais était une femme très douce qui avait élevée ses cinq enfants dont la plus
jeune des filles avait été à l'école avec moi. J'étais tranquillisée, Laurence serait dans de bonnes mains.