Tâches et attaches.
Publié le 7 Juillet 2012
Pour répondre au jeu d'écriture de Miletune de la première semaine de juillet, ci-dessous, une fable que j'ai écrite sur un sujet qui ne m'inspirait pas du tout au départ car j'ai la phobie des chevaux et puis mon imagination débordante a fait le reste :
Tâches et attaches / Églantine
Sur le chemin de chasse-marée, une calèche filait. Elle avait fière allure avec ses deux élégants chevaux qui la tiraient crinière au vent dans une harmonie presque parfaite. Seule un des chevaux Black Fox avait une robe blanche comme White Spirit son frère d’attelage mais parsemée de tâches brunes. Cette singularité rajoutait à la beauté de l’ensemble. Les deux chevaux conversaient tout en continuant à galoper au risque de s’essouffler.
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Si tu n’avais pas Black Fox toutes ces tâches brunes nous serions semblables.
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Quelles tâches brunes white spirit ?
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Celles qui parsèment ta belle robe blanche.
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Tu te trompes c’est le contraire, j’ai une robe brune avec des tâches blanches comme toi.
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Comment comme moi ? ma robe est blanche., immaculée. Elle devait être brune quand j'ai été conçu mais avec le nom stupide « white spirit » dont notre mère Black Idea m’a affublée je suis devenu petit à petit tout blanc dans son ventre où j'ai baigné
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Que tu le veuilles ou non tu es recouvert d'une unique et grande tâche blanche, moi j’en ai plusieurs, tu m’as refilé le brun que tu as perdu et il s'est déposé n'importe où. Ne t'en fais pas white spirit avec ton nom, tu peux te détacher.
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C’est toi la tâche Black Fox ! Pour me détacher je dois me déshabiller car je ne suis pas Omo, je ne lave pas plus blanc que je ne suis. Et si je me déhabille je ne serai plus qu’un amas d’os et de muscles, écorché vif. Triste spectacle que je ne veux pas offrir à nos voyageurs et aux habitants des villages que nous traversons.
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Fais-toi peindre en brun alors White Spirit
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Bonne idée mais j’accepte à la seule condition que tu peignes tes tâches blanches en brun pour que nous soyons enfin frêres jumeaux
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C’est d’accord à la prochaine halte on demandera à « Rik Côcher » de nous peindre
Lors de l’arrêt de la calèche White spirit et Black Fox s’écrièrent en cœur :
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Rik peux-tu nous peindre tous deux en brun ?
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Sacré canassons, Quelle idée vous avez, c’est impossible et je n’ai pas de peinture ?
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Oh si Rik, nous irons beaucoup plus vite, tu n’auras plus besoin de nous fouetter pour nous faire avancer
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Non je ne vous peindrai pas. Vous êtes très beaux tous les deux et complémentaires. Je suis fier de vous. Les passants s’arrêtent pour regarder ce magnifique attelage.
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Rik on t’en supplie.
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Non, inutile d'insister, je vous aime ainsi semblables dans votre différence….. Que serait un monde mono-colore sans diversité ?
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On comprend que tu ne peux pas nous peindre et puis cela ne tiendrait pas, alors s’il-te-plaît Rik, on t’en supplie détache nous, white spirit peut t'aider
Et Rik grand buveur, qui avait bu plus que de coutume, ne comprit pas ce que ses chevaux lui demandaient. Il crut qu'ils leur demandaient la liberté. Il en avait assez d'être cocher et de faire toujours le même chemin avec les même clients et de supporter leurs simagrées et caprices de riches.
Il les détacha de l’attelage en criant « vous êtes libres et moi aussi » à la stupéfaction de White Spirit et Black Jack qui restèrent quelques minutes les sabots cloués sur place avant de réaliser que leur rêve de liberté était devenu réalité.
Ils se dirigèrent vers la mer dans une harmonie parfaite d’abord au pas, puis au trop et enfin au galop sous le regard embrumé de larmes de Rik.
Alors qu'ils avaient tant souffert d’être ainsi liés l’un à l’autre et que chacun rêvait de poursuivre sa route seul en toute liberté, ils continuèrent ensemble le même chemin vers un avenir sans tâche même si Black Fox conserva ses tâches brunes. Ils étaient liés par un lien invisible, bien plus solide que des attaches : un lien d'amour.
Puisqu’à toute fable, même à la plus fantaisiste, il faut une morale, La voici :
il suffit parfois de ne pas avoir peur d’exprimer ses désirs et rêves même les plus fous pour qu’ils deviennent un jour réalité.
Églantine / Juillet 2012