Mascarade
Publié le 22 Octobre 2010
Après :
- Les années bonheur (1953 / 1959)
- La fille de papa
- les années difficiles
- Amitiés
- Fin d'enfance
- Marie-Pierre
- Les années collège
- Rencontre sur les ondes
- Fin d'adolescence
- Le mariage
- Le voyage de noces
- En attendant le premier enfant
- C'est une...C'est un.... beau bébé
- Auto, boulot, lolo, dodo
- Un bébé appelé Désiré
- Une page se tourne
- Une nouvelle vie
- Merci Mammie
- La trentaine : cap difficile
Voici la suite de ma biographie que beaucoup d'entre vous attendaient avec impatience.....
Les années passent. Nous avons trente cinq ans environ. C’est le temps des amis, des copains, des fêtes. Nous organisons à la maison des soirées déguisées. Notre soirée thématique « Métro » a beaucoup de succès. Chaque invité doit se déguiser en s’inspirant d’une station du métropolitain de Paris.
Je recouvre complètement la porte de la maison de papier doré et nous invitons nos amis, voisins et collègues de travail à la station « porte dorée ».
Je me déguise avec un grand tee shirt jaune que je recouvre d’affichettes de films et je me coiffe d'un chapeau plateau de garçon de café fait main pour représenter la station champs Elysées avec ses cinémas et ses brasseries.
Jeff a choisi la station « chambre des députés » avec son chapeau melon, ses moustaches et son tee shirt « good night ».
Les enfants se déguisent aussi et participent avec plaisir.
Certains invités ont de l’humour et je me souviens d’un copain qui arrive avec un veston auquel il a accroché 6 sachets de thé pour représenter la station « cité ».
Nous dansons autour du buffet et ces soirées se terminent bien tard.
Je n’ai jamais trop aimé les fêtes, pourquoi ce besoin soudain d’en organiser. Peut être inconsciemment pour cacher un certain mal être dans notre couple malgré les apparences.
Je m’implique de plus en plus dans mon travail et les journées sont longues. Quand je rentre le soir, je suis fatiguée. Je consacre l’énergie qui me reste à Laurence et Grégorie pour les aider dans leurs devoirs. Une fois les enfants couchés, je regarde un peu la télévision et je m’endors rapidement. Je ne m’en aperçois pas mais je délaisse Jeff.
Je le trouve très taciturne, triste mais à aucun moment je ne pense que c’est de ma faute. Jeff a toujours intériorisé ces sentiments de peur du conflit. Quand je l’interroge à ce sujet, il me dit que c’est à cause de son travail. Je le crois. La vie continue. Jeff passe de plus en plus de temps à son travail, rentre de plus en plus tard. Il est souvent en déplacement. Son absence, ses silences, son mal être me peinent vraiment. Quelques années passent ainsi
Un samedi Jeff travaille sur le stand de son entreprise au salon de l’automobile. Il est 21 heures, il n’est toujours pas rentré et ne m’a pas appelé. Pas de téléphone portable à cette époque pour l’appeler, l’angoisse monte. Pour la maîtriser, je continue une tapisserie représentant une scène belle époque à Paris. Je me plais à penser que je suis Pénélope qui attend son Ulysse. Je pense qu’il lui est arrivé un accident et je suis très angoissée.
Vers 23 heures, il arrive dans un état d’énervement inhabituel et m’indique qu’il a rencontré une jeune femme qu’il fréquente depuis 4 ans et qu’il va me quitter. Il a eu beaucoup de mal à choisir mais elle lui a lancé l'ultimatum de choisir entre elle et moi. Il ne veut pas la perdre et partira donc demain matin. C’est le drame pour moi qui n’avait absolument rien deviné de cette liaison ce qui est certes une marque de confiance envers jeff mais prouve bien à quel point j'étais absorbé par mon travail….
Je ne suis pas jalouse, peut-être n’avais je pas voulu voir. Il me sort alors brutalement tout ce qu’il avait contenu pendant ces années où je l’ai délaissé. Je ne lui en veux pas, tout cela est de ma faute. Ce qui me fait le plus mal c’est qu’il m’ait menti mais je comprends que c’était pour ne pas me faire souffrir.
Je passe une nuit détestable. Le lendemain matin, comme il me l’avait annoncé, il prend sa voiture pour aller la rejoindre et lui annoncer qu’il m'a fait part de sa décision.
Il est tellement perturbé et pressé de la retrouver qu’il sort du garage très vite sans regarder autour de lui et tamponne la voiture d’une voisine qui a eu le malheur de passer à ce moment la. Juste de la tôle froissée. Il fait le constat et je pense qu’il va repartir aussitôt après.
Sentant qu'il n'est pas en état réellement de conduire, Il ne part pas et restetoute la journée à la maison couché pour ne pas avoir à m'affronter. Les enfants sont perturbés, je leur dis que papa est malade mais je pense qu’au fond d’eux-mêmes ils savent que quelque chose de grave vient de se passer.
Au bout d’une semaine Jeff est toujours la, il rentre chaque soir. J’attends qu’il me parle de sa décision et je ne veux pas le brusquer. Mais voyant qu’il ne me reparle plus de rien et qu’il fait comme si rien ne c’était passé, je lui demande où en est son projet de départ. Il me dit tout simplement « tu vois bien je suis restée ». Et quand je lui demande s’il continue à la voir il me dit que non. Nous n’en parlerons plus jamais. Je ne finirai pas ma tapisserie qui me rappellera trop ce soir la ou tout s'est brisé. Je pardonnerai d'autant plus facilement que tout cela est de ma faute.
La vie reprend son cours comme si rien ne s’était passé et cet incident rend paradoxalement nos relations plus harmonieuses.