La liste de courses
Publié le 29 Janvier 2018
Pour le défi 199 des croqueurs de mots François et Marie nous demandent, à la manière de Clémentine Mélois dans son livre "sinon j'oublie", de faire parler la personne qui a laissé dans son chariot la liste de courses ci-dessous en photo. J'ai lu un extrait de ce livre et j'ai beaucoup aimé. Cela me donne envie de le l'acheter.
Pour écrire mon texte, j'ai imaginé quel était le caractère de la personne qui avait écrit cette liste de courses. Cela m'a été facilité par le fait que je me suis intéressée de près à la graphologie quand je faisais du recrutement sans néanmoins me fier complètement à mes analyses qui étaient faites toujours après avoir rencontré les candidats pour me conforter dans mon opinion. J'ai donc imaginé l'auteur de la liste comme une personne, équilibrée, extravertie, mature, idéaliste, organisée, dynamique impatiente qui va de l'avant entière et sensible. Je peux me tromper sur certains points mais il fallait bien que je parte d'une base pour écrire mon texte
La liste de courses
Je déteste faire les courses à l’hyper-marché Avant de partir il faut que je fasse l’inventaire du réfrigérateur et des placards pour compléter la liste où j'ai déjà écrit au fur et à mesure les aliments et produits de toilette et d’entretien qui manquaient.
Aujourd’hui, avec mon époux nous avions invité à dîner nos voisins et amis, un couple d’octogénaires. La liste de course était plus compliquée à faire. il fallait lire attentivement les recettes choisies et écrire sur la liste les aliments dont j'avais besoin. Ensuite, pour éviter de stocker inutilement, vérifier que je n'avais pas déjà dans mes réserves certains ingrédients. L’important était de ne rien oublier pour ne pas être obligée d’y retourner et j'oubliais toujours quelque-chose !
J'ai eu du mal à trouver le menu. Les personnes âgées ont peu d’appétit et la digestion difficile ! Il fallait que ce soit à la fois pas commun pour les surprendre un peu (j'aime bien étonner) , léger et esthétique dans l'assiette. A l’apéritif, qui servirait aussi d’entrée, J'ai prévu des toasts de rillettes de sardines à la tomate, comme plat principal des quiches individuelles au poulet et courgettes accompagnée d’une salade verte du jardin et pour terminer un bavarois aux marrons.
Avant de me mettre aux fourneaux, Je dois faire ce matin la corvée des courses. Je sors la voiture du garage et me dirige vers l’hypermarché proche. On est vendredi, j'ai du mal à trouver une place de parking pas trop éloignée des caddies. Pourquoi invitons-nous toujours le vendredi ou samedi soir alors que nous sommes à la retraite et nos amis aussi ? Par habitude certainement ; c’est stupide les habitudes. Ne supportant pas l'incivilité, je peste une fois de plus contre ceux qui, pour ne pas qu’on raye leur voiture, prennent deux places au lieu d’une.
Je dois maintenant trouver un caddie pas trop vieux pour qu’il roule droit et vite sans se bloquer. Une fois le chariot trouvé, j' introduis mon jeton dans la fente prévue à cet usage. Il ne rentre pas. Ce n’est pas mon jour de chance. Il me faut en dénicher un autre. Enfin, caddie en mains, je suis prête à déambuler dans les allées du supermarché.
Je connais bien les rayons et cela va aller vite. Je peste néanmoins contre moi-même. Très organisée, d’habitude Je fais ma liste sur l’ordinateur par type de produits avec des rubriques et des produits préenregistrés ce qui me permet de gagner du temps en parcourant moins de distance dans la grande surface et de vérifier plus facilement au fur et à mesure des rayons que j'ai bien tout pris. En plus j'ai oublié mon stylo et je ne peux pas, sur sa liste, rayer au fur et à mesure ce que j'ai déjà collecté. Je perds du temps. Il y a la queue au rayon boucherie. Tant pis je choisis du poulet préemballé en promotion en tête de gondole en vérifiant la date limite d'achat que je mets du temps à trouver comme d'habitude.
Au passage devant le rayon vêtement, je craque pour un très joli pyjama en solde à 6,99 euros ! C’est le deuxième que j'achète ce moi ci. Certaines sont addict aux chaussures, moi j'ai la folie des pyjamas. On pourrait croire que je suis pantouflarde ; pas du tout bien au contraire, je suis hyperactive dans la journée, je ne tiens pas en place et fais beaucoup de sport. Après l’effort j'aime le réconfort d’un joli vêtement confortable que je retire avant de me coucher puisque j'ai l’habitude de dormir nue comme un ver. Ce n’est pas vraiment logique mais l’être humain est fait de paradoxes et moi particulièrement ce qui déroute parfois ceux qui m’aiment et croyaient bien me connaître.
Je me dirige vers la caisse en jaugeant le nombre de clients attendant à chaque caisse, scrutant leurs caddies pour voir s’ils n’étaient pas trop pleins et je choisis la caisse où je pense le moins attendre mais, comme presque à chaque fois, je n’ai pas prévu l’incident : le prix manquant par exemple. Cette fois ci c’est un client qui a oublié de peser ses poireaux et qui retourne le faire sans se presser et en se moquant éperdument que les autres pendant ce temps poireautent. Je rage en scrutant les caisses sans caissière pour voir si ils n’allaient pas, vue l’affluence, en ouvrir une autre. Beaucoup de personnes âgées payent par chèque qu’elles rédigent le plus lentement possible puis le vérifient avant de le tendre d'une main tremblante à la caissière qui prend tout son temps pour le contrôler et écrire les coordonnées de la carte d’identité. Je pense qu’on devrait interdire les chèques et je m'en veux aussitôt de cette idée saugrenue.
Enfin je dépose mes produits sur le tapis et passe à la caisse. La caissière est aimable mais ce n’est pas une rapide. Ici en Province on prend son temps, on parle avec les clients. Ce n’est pas ainsi en Ile de France où j'ai passé ma vie d'avant la retraite.
Je luis tends mon bon de réduction 10 euros pour 60 euros d'achat aujourd'hui seulement vendredi 13 janvier. Que va t'il m'arriver encore on est le vendredi 13 ! C'est intéressant mais ce que je n'avais pas vu écrit en tout petit caractères c'est qu'elle n'est valable uniquement aujourd'hui entre 18 H et 20 H30 et il est 11 heures. Je fulmine et exprime mon mécontentement à la caissière en faisant un effort énorme pour rester aimable car elle n'y est pour rien. Si je n'étais pas si pressée, comme je n'avais pas payé, j'aurais abandonné les produits en lui disant qu'elles les garde jusqu'à 18 H que je repasserai à la caisse dans le bon créneau horaire ! Je hais les hypermarchés ! je remets rapidement tous mes achats dans les sacs que j'ai mis dans mon caddie et paye. Dommage que je n'ai pas eu de chèque sur moi sinon j'aurais payé en prenant tout mon temps pour faire fulminer la jeune femme qui derrière moi m’avait bousculée sans s’excuser tant elle m'avait collée de près pressée elle aussi de passer à la caisse.
Ouf les courses sont terminées. Je suis heureuse et j'ai hâte de me mettre à cuisiner pour mes amis ce que j'adore. La musique de l'hymne à la joie retentit, c'est mon téléphone. C’est mon époux qui m'annonce dépité qu’il est inutile de faire les courses : leur voisine est venue l'informer que, son époux souffre d'une gastro et qu'ils ne pourront venir ce soir ce qui les désole tant ils se réjouissaient de cette soirée. Si mon chéri avait appelé deux minutes avant j'aurais pu laisser mon caddie et mes achats sur place et si ma voisine était venue plutôt, je n'aurais pas eu à faire les courses.... mais avec des si ....
Je me dirige vers ma voiture, dépose les sacs dans le coffre. Rageusement chiffonne la liste des courses et la jette dans le caddie ce que je ne fais jamais. Les autres fois je les abandonne dans les poubelles prévues à cet effet.
La colère et la déception passées, je me console en me disant que je passerai une belle soirée en amoureux avec mon chéri, Je cocoonerai avec lui devant la télévision dans mon nouveau pyjama en savourant des crêpes flambées au rhum qui devait parfumer la crème de marrons du bavarois. J'ai acheté des œufs, du beurre et j'ai de la farine et du lait à la maison. Il faut toujours positiver dans la vie. Ce que je n’ai pas encore réalisé c’est que je l’aurai dans le baba… sans rhum puisque j'ai oublié de l'inscrire dans ma liste de courses. Nous devrons nous contenter de crêpes natures
Martine (janvier 2018) pour le défi 199 des croqueurs de mots animé par François et Marie