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Publié le 8 Novembre 2016

Photo pixabay

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Il ne faut pas confondre : Il y a saint et sein. 

Dans l’expression française « ne pas savoir à quel saint se vouer» j’aimais, ne croyant ni en dieu ni en ses saints, changer le « saint » en sein.

Mais cela c’était avant quand j’avais un sein gauche et un sein droit.  C’était difficile de savoir auquel me vouer et en préférer l’un à l’autre car étant du centre et ayant même adhéré en son temps au MODEM, mon cœur tendait plus vers la gauche et ma raison vers la droite.

A présent je n’ai plus qu’un sein : le gauche qui se sent bien solitaire. Parfois je me dis que mon sein droit, se sentant moins aimé,  a déprimé  et s’est laissé envahir par le vilain cafard qui l’a dévoré. Mais peut être que je me trompe et que mon sein gauche, jaloux de son rival, a tout fait pour le chasser car il savait qu’il n’y a pas de vrai centre et que le cœur des gens du centre passe souvent de gauche à droite et vice versa.

C’est psychologiquement difficile de perdre un sein, il ne repoussera pas et je ne le ferai  pas reconstruire comme certaines de mes compagnes de galère. Je préfèrerais faire enlever l’autre. Au moins je serai plate comme une limande et je pourrais quand je suis à la plage,  et que j’en ai assez de lire, poser mon livre ouvert sur ma poitrine sans qu’il soit en déséquilibre. Il faut bien positiver. J’aurais moins peur aussi que mon sein gauche, se sentant trop solitaire,  soit aussi envahi par le cafard.

Quand mon docteur m’a annoncé son terrible plan de lutte anti cafard  qui comprenait, entre autres barbaries (chimiothérapie, radiothérapie), l’ablation de mon sein droit;  j’ai eu envie de lui demander si elle allait en faire l’offrande à Dieu ou à ses saints mais je ne lui ai pas dit pour ne pas la blesser. En effet, il faut que je vous dise que son nom est DONNADIEU. Cela ne s’invente pas, c’est son vrai nom, je vous le jure chers voyageurs de mon quai des rimes. Et comme dans les moments difficiles de ma vie, j’ai toujours positivé, je me dis que Je préfère au moins donner un sein à Dieu que lui donner ma vie et s’il fallait lui donner le deuxième, je le lui donnerai aussi.

Martine / Novembre 2016 pour l'atelier N° 16 de Ghislaine.

Les mots en gras dans le texte sont ceux imposés par Ghislaine et qui ont inspiré mon texte car quand j'ai vu galère, avant et après le sujet s'imposait pour moi.

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Rédigé par Martine.

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Publié le 21 Septembre 2016

Angélique est le prénom du mercredi de cette semaine à la cour de récréation de Dame Jill Bill.

Ce prénom m’évoque immédiatement le  film « Angélique Marquise des anges » que j’avais vu quand j’étais petite fille dans un petit cinéma du 14ème arrondissement. Ma grand-mère adorait ces films très romantiques et j’ai vu avec elle toute la série des angéliques mais aussi Mayerling, les hauts des Hurlevents. J’en ai versé des larmes avec elle dans cette salle de cinéma. Cela renforçait notre amour et complicité mutuelle.

Angélique

Petite fille, vivant confinée avec ma grand-mère dans une minuscule loge de concierge avec une seule pièce sans toilettes ni salle de bain et avec une cuisinière à charbon pour cuisiner, je rêvais à l’époque d’être une princesse même si le destin de ses jeunes filles et femmes n’était pas vraiment rose. Je rêvais d’épouser un beau prince riche et vivre heureuse avec de nombreux enfants dans des palais merveilleux.  Ma mamie chérie entretenait mes rêves en m’offrant les romans de Delly. Je crois les avoir presque tous lus mais je ne m’en souviens plus aujourd’hui. Je les dévorais le soir dans le grand lit que je partageais avec ma grand-mère. Lecture parfois perturbée par le pas d'un locataire dans le hall de l'immeuble et l'escalier en bois. C'est Monsieur Lambert me disait alors ma grand mère qui reconnaissait chaque locataire à son pas et ne poussait son rideau que lorsqu'elle entendait un pas inconnu.

C’est à mamie que je dois cet amour de la lecture qui ne m’a plus quittée. Aujourd’hui les histoires d’amour romantiques ne me font plus vibrer même si belle du Seigneur d’Albert Cohen reste un de mes romans préférés mais plus pour le magicien de l’écriture qu’est Albert Cohen. Dans ce roman les nombreux monologues sont écrits sans ponctuation ce qui fait ressortir parfaitement le flux rapides des pensées.

Ma grand-mère aimait les confiseries et en lisant je dégustais des bêtises de Cambrai que j’aime toujours autant car elles ont le parfum de mon enfance même si je n’aime pas trop le sucre et les confiseries. Il nous arrivait aussi de savourer des pâtes de fruit et j’aimais particulièrement les angéliques qui sont en fait la tige de la plante qui a été confite dans le sucre.  

Angélique
Angélique
Angélique

Je crois beaucoup à la psychologie des prénoms. Est-ce le prénom qui influence le caractère de la personne qui le porte ?  Où est-ce dû aux parents qui, en donnant un prénom particulier à leurs enfants,  projettent dans celui-ci  ce que représente ce prénom pour eux ?  Je ne saurais répondre. Peut-être qu’il y a un peu des deux.

Je ne connais pas d’Angélique mais je me représente une personne douce, rêveuse, équilibrée qui aime l’harmonie et les relations humaines.

Angélique
Angélique

Martine / Septembre 2016 pour les prénoms du mercredi de Jill Bill 

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Rédigé par Martine.

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Publié le 3 Juillet 2016

Merci à tous ceux qui me demandent de mes nouvelles cela me touche beaucoup. J'avais promis à beaucoup d'entre vous de vous en donner mais je n'arrive pas à le faire individuellement, c'est assez pénible. Je préfère le faire ici.

J'ai été opérée le 10 juin, ablation totale d'un sein et des ganglions. C'est difficile psychologiquement mais l'opération s'est très bien passée. Je n'ai pas souffert du tout et n'ai même pas eu à prendre les médicaments anti-douleurs qu'on m'avait prescrit. Je fais des exercices tous les jours pour récupérer la mobilité perdue de mon bras droit.

Sur la terrasse de la cafétaria du Centre Curie de Saint Cloud le lendemain de mon opération

Sur la terrasse de la cafétaria du Centre Curie de Saint Cloud le lendemain de mon opération

Je connais maintenant les traitements que les médecins m'ont concoctés. Je pensais échapper à la chimiothérapie car le résultat de mon pet scan qui permet de repérer les tumeurs cancéreuses dans le corps entier n'en dévoilait aucune. Et bien je n'y échapperai pas car un nombre importants de ganglions retirés étaient malades. Les médecins ont donc décidé de faire une chimio préventive pour détruire les éventuelle cellules cancéreuses qui pourraient se promener en moi. Le traitement débutera mi juillet à raison d'une injection toutes les 3 semaines pendant 4 mois. Ensuite j'aurais 4 à six semaines de radiothérapie à l'endroit du sein et des ganglions retirés pour brûler toutes les cellules qui resteraient. C'est une séance de 3 minutes chaque jour sauf le week-end.

Je positive je vais pouvoir rentrer en Vendée cet été trois semaines entre deux injections de chimio !

Je vais bien. Je ne me sens pas malade et j'ai le moral. Je jardine et marche. Je suis très occupée par les différentes visites et examens à l'hôpital avant le début de la chimio. J'ai fait les soldes, Cela me fait du bien de soigner mon image car j'ai un peu de mal à digérer la perte de mon sein et la future perte de mes cheveux. Heureusement pour cette dernière c'est provisoire et je porterai une jolie perruque que je suis entrain de choisir. Pour le sein, ultérieurement je peux faire une reconstruction mammaire. Je verrai plus tard. Mes priorités aujourd'hui sont autres.

Mes blogs continueront cet été à un rythme un peu moins soutenu mais je tiens à le faire et je visiterai vos blogs pas chaque jour comme avant mais c'est important pour moi de continuer à échanger et à m'ouvrir aux autres.

Merci à toute ma famille et mes amis qui me soutiennent et aux Médecins, infirmières, soignants du Centre Curie de l'Hôpital René Huguenin de Saint Cloud qui sont non seulement d'une grande compétence mais très humains !

Centre Curie Hôpital René Huguenin de Saint-Cloud

Centre Curie Hôpital René Huguenin de Saint-Cloud

Je suis particulièrement sensible aux messages de sympathie que je reçois de vous mes amis virtuels qui me soutenez beaucoup plus que certains amis réels qui me contactent plus depuis qu'ils savent que je suis malade alors qu'avant j'avais souvent de leurs nouvelles. J'espère que certains continuent à me lire alors je leur dis que je les comprends, peut-être en ferais-je autant. On ne sait pas quoi dire face à la maladie des autres qui, en plus, vous confronte à vos propres peurs. Néanmoins ce n'est pas en se voilant la face qu'on s’immunise contre la maladie.

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Rédigé par Martine.

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Publié le 30 Novembre 2015

Ce matin je me suis regardée dans une glace. Je me touche. Je ressens bien la caresse de ma main, nul doute, c’est moi.

Intime rencontre

Je regarde des photos qui datent de quatre, cinq ans, Certes j’ai pris des rides mais cela pourrait être pire. Je peux remercier les différentes crèmes que j’applique depuis longtemps sur mon visage en étirant vigoureusement ma peau de bas en haut, les deux minutes passées chaque matin sous une douche glaciale qui me met en forme pour toute la journée, me raffermit la peau et augmente mes défenses naturelles. Je trouve que j’ai gagné en assurance cela se voit dans mon expression. Je me trouve mieux que je l’imaginais. Je me prendrais même à m’aimer. Plus je vieillis, plus je me sens jeune.

La vie ne m’a pas épargnée ces dernières années sur le plan familial et professionnel mais ne dit-on pas « que ce qui ne tue pas vous rend plus fort » et c’est exactement ce qui s’est passé. La transformation a été lente mais certaine. Elle ne s’est pas faite sans heurts bien sûr. Même si j’y tenais, j’ai mis fin à certaines relations parfois anciennes, certaines passionnées mais parasites parce qu’elles me tiraient plus vers le bas. J’y pense de moins en moins. J’en oublierais certains, d’autres pas car ils ont tenus une place importante dans ma vie. Je ne regrette que la peine que j’ai pu faire, mais tous en ont-ils eu vraiment ? J’étais légère, même superficielle avant ne pensant qu’à croquer la vie avec gourmandise, à me détruire dans un métier (consultante emploi) que j’aimais tant mais qui devenait de plus en plus difficile vu le contexte économique du pays et me mettait trop souvent en contradiction avec mes valeurs personnelles. J’ai décidé de prendre ma retraite alors que c’était une idée inconcevable pour moi auparavant. J’ai quitté Cergy, ville à laquelle je suis et resterai profondément attachée, où j’ai encore des amis, notre maison et d’excellents souvenirs d’un engagement important pour cette ville. C’est autant de racines qui m’y rattachent encore et qui m’y font y vivre quelques mois dans l’année. Je vis au moins huit mois sur douze maintenant avec mon Jeff au bord de l’océan dans ce pays des Olonnes qui nous émerveille chaque jour par la beauté de ces paysages, la douceur de son climat. Ma vie y est plus douce. Je m’y suis fait de nouveaux amis ce qui m’étonne vu un fond de timidité bien ancré en moi caché sous une fausse assurance. Je m’étonne chaque jour en osant faire des choses que je n’aurais pas faites auparavant : Aller au-devant des gens, Dire bonjour dans la rue à des inconnus et parler avec eux, dire ce que je pense avec diplomatie quand je suis déçue dans un restaurant, chez un commerçant. Il me reste encore beaucoup de progrès à faire notamment dire à ceux que j’aime que je les aime mais là je suis toujours coincée même si j’ai fait de nombreux progrès. Je n’arrête pas de répéter à mes petites filles qui viennent très souvent nous rejoindre en Vendée pour les vacances scolaires que je les adore. Je les couvre de baisers. Je n’ai jamais pu le dire à mes enfants et à mes vrais amis mais j’y arriverai un jour. J’écris de plus en plus. Je n’aimais pas avant ce que je produisais et maintenant j’aime bien ce que j’écris ce qui me pousse à continuer et peut-être pourquoi pas à écrire un livre quand j’aurais un peu plus de temps. Je marche beaucoup ce qui me permet de m’émerveiller sur des petits riens à chaque instant : la beauté simple accessible à tous de ce qui nous entoure. Je nage, je fais du vélo. J’ai une vie saine. Je me suis même mis au naturisme ce que je n’aurais même pas pu envisager auparavant tant ma confiance en moi m’empêchait de m’assumer et de vivre naturellement en toute liberté sans la peur du regard de l’autre.

Aujourd’hui à l’occasion de cette rencontre avec moi-même j’arrive à me dire que je m’aime enfin et je ne remercierai jamais assez mon amie bloggeuse Lenaïg, grâce à son défi d’écriture pour les croqueurs de mots « la rencontre », de m’avoir permis en l'écrivant d'approfondir la réflexion et ce sentiment.

Ce fut une belle rencontre avec moi-même même si elle peut vous paraître narcissique, je le comprends. Pour pourvoir dire aux autres qu'on les aime, il faut déjà pouvoir le dire à soi même. J’aurais préféré vous parler d’une des belles rencontres de ma vie, il y en a eu beaucoup mais je ne savais laquelle choisir, il aurait fallu que je les décrive toutes peut-être l’idée, parmi tant d'autres, d’un prochain livre.

 

Martine / Novembre 2015 pour le défi 155 des croqueurs de mots

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Rédigé par Martine.

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Publié le 22 Juin 2015

Une petite flûtiste

Aujourd'hui je vous propose d'écouter aujourd'hui une petite joueuse de flûte traversière qui est chère à mon coeur pas pour la musique car si vous me suivez vous savez que je suis fâchée avec la musique mais parce que c'est l'aînée de mes petites filles et que j'aime bien sûr tout ce qu'elle fait.

Elle s'appelle Pauline. Elle a 7 ans 1/2. Elle était accompagnée par son professeur pour le spectacle de fin d'année. Il faut ajouter que Pauline a débuté la musique en septembre 2015 et qu'elle a dû interrompre en avril et juin ses cours ayant été fort malade. Rassurez vous elle est guérie. Ceci pour dire que je trouve qu'elle ne se débrouille pas mal sachant qu'elle m'a prêté sa flûte et que je n'ai même pas réussi à en sortir un seul son !!!!

Ecoutez maintenant tout les jeunes élèves du cours de flûte imiter le cri des oiseaux. C'est assez proche de la réalité

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Rédigé par Martine.

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Publié le 1 Juin 2015

Depuis toujours je suis une visuelle, kinesthésique  comme disent les spécialistes de PNL (programmation neuro linguistique)

J’ai besoin de voir et peut passer de très longs moments à observer.
J’ai besoin de toucher, sentir, ressentir ce qui énerve mon Jeff lorsque je caresse les fleurs du jardin. On regarde avec les yeux me dit-il, il est visuel.

Je n’ai jamais été une auditive, tout bruit  qui rompt le silence me perturbe enfin presque car j’aime entendre le matin les oiseaux chanter au jardin et la nuit l’hiver bien blottie dans ma couette entendre les colères de l’océan.

Je ne supporte pas la musique comme le savent tout ceux qui me connaissent bien que ce soit de la musique classique ou plus moderne. Dès que j’en entends à la radio, je change de station ou éteint le poste. Sur mon PC, le son est toujours coupé car je me sens agressée par la musique que certains de mes amis mettent sur leurs blogs.

Cela remonte à très loin. J’ai été élevée par ma grand-mère qui n’écoutait jamais de musique. Mes parents qui m’ont repris à l’âge de six ans (certains disent que tout se joue avant six ans) écoutaient des disques mais que des chansons de leurs idoles : Pétula Clark pour ma mère et les compagnons de la chanson et  Jean-Ferrat pour mon père anti-communiste ce qui est assez paradoxal mais il l’était.  J’ai appris ainsi à aimer les belles chansons à texte pour les paroles mais aucunement pour la musique en elle-même.

J’aime écrire des poèmes car je m’amuse beaucoup à jouer avec les mots et les faire chanter dans ma tête. C’est ma façon de faire de la musique qui ne s'entend qu'avec la tête et le coeur.

J’avais un ami qui avait  la musique dans la peau au point que certains morceaux lui donnaient des frissons.  Je sais donc que mon insensibilité auditive me prive très certainement de moments de bonheur et d’extase mais j’en ai tellement en contemplant toute la beauté qui nous entoure.

Heureusement mon Jeff n’aime pas trop la musique non plus. Nous n’avons donné aucune culture musicale à nos enfants et je le regrette aujourd’hui. Ma petite fille de 7 ans apprend la flûte traversière avec beaucoup de plaisir et j’en suis ravie.

J'ai vécu  pendant longtemps  cette insensibilité musicale comme un vrai handicap à tel point que je n’osais pas l’avouer  à ceux que je rencontrais. Je me suis aperçue aussi en vieillissant que je n’entendais pas très bien depuis longtemps ce qui fait que je parle assez fort et que bien souvent je dois monter le son de la télévision ou de la radio.  Alors aujourd’hui j’assume mon handicap et je le revendique même  en m’amusant de la réaction étonnée des gens à qui je fais cet aveu « je hais la musique ».

Je hais la musique

Je n’ai donc aucune culture musicale, ma mémoire sélective ne retient que ce qu’elle aime.Alors je fus bien embarrassée en lisant le dernier défi pour les croqueurs nous demandant d’écrire en s’inspirant de "VOCALISE" composé par un certain Rachmaninov. Je ne connaissais pas du tout. Il fallait que j’écoute cette musique et rien que cette idée me rebutait. J’ai cherché sur Daily motion et j’ai écouté une version panio de ce morceau, juste le début.  Dès les premières notes, j’ai trouvé cette musique déprimante du genre à vous rendre triste toute la journée. Non seulement Je ne la supportais pas mais elle m’horripilait  j’ai vite arrêté. Je m’en excuse auprès de la jolie pianiste talentueuse que je prenais plaisir à regarder. J’aurais dû continuer juste en coupant le son. J'avais donc décidé de ne pas répondre puisque aucune idée ne m'est pas venue spontanément. Comme je vous l'ai déjà dit, C'est ma nouvelle règle pour ne pas m'obliger à répondre par sympathie ou amitié à des défis qui ne m'inspirent pas.

Et puis, suite à la réponse que Jeanne FADOSI a faite sur mon mon poème "je me rêve escargot"   à mon  commentaire déposé sur son article des jeudis en poésie consacré à la musique, j'ai décidé de lui répondre ici en expliquant mon aversion qui parait si étrange à beaucoup.

 

 

Martine / Mai 2015

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Rédigé par Martine.

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Publié le 23 Février 2015

Résilience quand tu nous tiens

Encore dans le ventre de sa mère, elle fait déjà de la résistance. Elle est bien dans son cocon douillet, elle veut y rester Elle sait inconsciemment ce qui l’attend de l’autre côté.  Hélas la sage-femme la sort de force avec une grande pince qui la marque au visage et la blesse à jamais  au plus profond d’elle-même.  Elle devrait crier comme tous les autres bébés, elle ne le fait pas immédiatement. C’est à cet instant là qu’elle apprend  à cacher ses émotions, à les intérioriser. Sa résistance  a des limites, elle ne peut  s’empêcher d’hurler quand on la secoue dans tous les sens. Elle regrette aussitôt ce cri de fureur et rentre en résilience.  

 

Elle est un bébé sage qui pleure peu. Curieuse de tout elle  observe avec ses grands yeux noirs ceux qui l’entourent. Elle apprend  vite à Marcher et apprécie  ce début d’autonomie. « Non » est Le premier mot qu’elle prononce, elle le dit tout le temps.  Ses parents s’amusent à lui dire très souvent  « allez dit oui » ce à quoi elle répond toujours un « non » catégorique. Ils éclatent de rire. Elle a l’impression d’être un animal de cirque qu’on essaye de dresser.  Sa grand-mère qui l’élève et qui la connait bien lui dit  « allez fais plaisir à mamie  dis-moi non ». Elle lui répond alors avec un grand sourire « oui ».  Elle ne peut s’empêcher de sourire à sa mamie qu’elle aime tant mais pour la première fois elle s’est fait avoir et cela lui déplait. Elle comprend alors inconsciemment qu’on peut obtenir beaucoup de choses par l’intelligence et la ruse.  A cinq ans elle sait lire mais elle préfère que sa grand-mère lui lise des histoires en la hissant sur ses genoux. C’est la seule personne de qui elle accepte des câlins et des bisous.  Elle s’échappe dès que toute autre personne de son entourage essaye de le faire. Sa mère ne le fait jamais peut être qu’elle n’en a pas vraiment envie. Elle préfère croire que sa maman a peur d’être rejetée et elle a raison, elle n’accepterait pas ses bisous. Sa grand-mère l’excuse toujours et répète à tous qu’elle est gentille et qu’il suffit de la connaître et de savoir la prendre. 

 

Ses débuts à l’école sont difficiles, elle sait lire, les autres enfants ne le savent pas et ils la regardent comme un singe savant, un extra-terrestre, alors elle se tait, reste seule dans un coin de la cour de récréation. Au pied de son arbre, elle les observe jouer, crier, rire et curieusement elle ne les envie pas, elle les plaint d’être aussi insouciants. Elle se montre discrète en classe, ne s’exprime jamais sans y avoir été invitée mais écoute avec beaucoup d’attention tout ce que l’institutrice dit, enregistre et mémorise.  Elle aime l’école et sa maîtresse qui ne la punit jamais et lui remet souvent des croix blanches et bleues aux jolis rubans qu’elle est contente d’avoir eu mais qu’elle garde dans la poche de son tablier ce qui lui permet de les sentir, les caresser discrètement sans les exhiber. Elle n’aime pas ses distinctions et honneurs qu’elle ne pense pas mériter. Elle a 7 ans.  Ses parents la reprennent chez eux. Elle fait connaissance avec sa petite sœur un gros bébé joufflu qui pleure souvent mais pour qui elle se prend d’affection et qu’elle se promet de protéger. Elle va à l’école publique où on ne l’aime pas car elle vient de l’école privée (crime de lèse-majesté à cette époque) et elle a le droit à toutes les brimades : tours de cour, punitions en tous genres. Elle n’accepte pas cette injustice et se rebelle. La petite fille discrète devient très dissipée et rebelle. Un jour une de ses camarades la gifle en classe, elle rend aussitôt la gifle. L’institutrice lui donne à elle seule une punition alors qu’elle avait vu l’autre la gifler. Elle doit conjuguer à tous les temps la phrase « je ne dois pas taper mes camarades ».  Elle exécute la punition mais en transformant la phrase en « je dois rendre quand on me tape » que son père signe en se réjouissant d’avoir une fille qui ne se laisse pas faire.  Ceci lui vaudra d’être renvoyée de l’école ce qui curieusement la réjouit car elle ne supportait pas d’être harcelée tout simplement parce que ses parents avaient osé préférer l’école des curés à celle de la République dite Laïque. Elle réintègre l’école privée où on la tolère plus qu’on ne l’accepte car chez les curés on n’aime pas les fortes têtes surtout quand leurs parents sont pauvres et n’ont pas les moyens de payer la scolarité. Si son père n’avait pas été un ancien combattant mutilé de guerre engagé volontaire dans la guerre d’Indochine pour aller combattre le communisme on ne l’aurait pas acceptée. Révoltée par les représentants de Dieu, qui agissent en contradiction avec  la charité chrétienne  qu’ils prônent en permanence , elle cesse de croire en Dieu mais y a-t-elle réellement cru un jour.  Elle ne sent aucune affinité avec  ses camarades pour la plupart des  filles de bourgeois qu’elle trouve superficielles qui ne l’ennuient aucunement car son attitude leur a vite fait comprendre qu’elles n’auraient aucune prise sur elle. Elle retombe en résilience et ne répond pas aux injustices et humiliations en tous genres que certains professeurs lui font subir en classe. Un jour on lui dit devant ses camarades que ses parent s ne payant pas la scolarité, il n’est pas possible qu’ils aient les moyens de lui  offrir  un microscope à Noël comme elle l’écrit dans sa rédaction car ils n’ont pas les moyens de la lui payer.  On lui demande d’emmener ce microscope à l’école pour prouver qu’elle n’est pas une sale menteuse. Elle ne le fera pas car non seulement ce serait humiliant mais aussi elle sait qu’ils demanderaient ensuite à son père de payer la scolarité. Quand un vol est commis dans l’école c’est elle qu’on accuse  mais elle ne répond rien et reste stoïque devant l’injustice et les humiliations. Ils veulent la pousser à bout, la forcer à réagir. Elle ne leur donnera pas ce plaisir.

 

Elle quitte avec bonheur l’école privée pour le collège d’enseignement technique pour préparer un BEP de secrétariat. Elle s’entend bien avec le professeur de français avec qui elle discute souvent après la classe.  Elle arrive même à se faire une amie parmi ses camarades de classe, une fille qui se sent aussi perdue et étrangère à ce monde qu’elle. Elles unissent leur solitude.

 

Son diplôme en poche, elle rentre très vite aussi dans la vie active.  Elle se marie  avec un résiliant. Ils ont rapidement deux enfants. Elle les adore mais après avoir tant retenu ses sentiments, elle n'arrive pas à les exprimer.

 

La jeune fille taciturne, solitaire apprend petit à petit à s’ouvrir aux autres mais l’enfant et adolescente rebelle ne s’effacera jamais complètement en elle.

 

Elle continuera à condamner toutes les injustices dont elles, ses proches sont  victimes mais aussi les autres ce qui est nouveau et prouve que sa socialisation est en cours.

 

Elle abandonne  vite le secrétariat pour aider les demandeurs d’emploi à retrouver vite un travail. C’est pour elle une façon de lutter contre une des plus grandes injustices qui soient les licenciements où ce sont souvent les plus fragilisés ou les plus rebelles, ceux qui n’acceptent pas le système, qui en sont victimes.

 

Elle crée un blog citoyen où elle osera s’attaquer  à ceux qui détiennent le pouvoir localement et en abusent souvent. Elle est fière d’arriver à faire déplacer la télévision pour tenter de sauver un commerce en  grande difficulté. Elle rentre même en politique chez les verts car elle pense naïvement qu’ils sont moins intéressés que les autres par le pouvoir. Elle quitte  les verts pour le modem qu’elle croit un parti modéré ni à gauche, ni à droite prenant le meilleur des idées où elles sont. Elle se rend compte que le centre sera une utopie tant que la majorité de ses représentant seront à droite.  Elle se rend compte aussi que l’engagement citoyen à des motivations bien personnelles  et que c’est un pseudo altruisme.

 

Le temps a passé très vite, elle approche des 60 ans et son employeur, dans son projet de rajeunir ses effectifs,   lui met la pression pour qu’elle craque et qu’elle vienne en position de faiblesse négocier son départ. Elle résistera à toutes les humiliations et harcèlements subis. Mais tenir ne suffit pas,  que serait la résistance sans l’action ? Elle décide alors de le poursuivre en justice et finit par gagner après plus de 3 ans de combat.

Elle prend sa  retraite aussitôt après épuisée par ces années de résilience et résistance dont elle ne sortira pas indemne.


Elle mène maintenant une existence tranquille avec son époux et n’a plus aucune volonté de combattre les injustices de ce monde. Elle arrive maintenant à exprimer mieux ses émotions et sentiments. Elle couvre ses petits enfants de bisous et de câlins.

Elle peut enfin penser à elle et à ceux qu’elle aime. Certains qui connaissent sa nature profonde de militante des causes perdues  lui font des propositions d’engagement dans des associations caritatives qu’elle refuse. Peu lui importe les autres ils  trouveront toujours des militants dans l’âme pour les défendre. C’est très égoïste certes mais elle ne culpabilise pas et profite des petits bonheurs de la vie tout simplement.

Alors vous comprendrez que quand elle a découvert le dernier défi 139 des croqueurs de mots des croqueurs de mots sur la résistance, elle s'est retrouvée bloquée pour y répondre. Elle a décidé avec le texte qui précède d'expliquer pourquoi.

 

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Rédigé par Martine.

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Publié le 4 Février 2015

Barbara est le prénom choisi pour les prénoms du mercredi de Jill BIll.

J'ai beaucoup écrit sur mon blog sur ce prénom qui m'est intimement lié. Mon poème préféré est "Rappelle toi" Barbara de Prévert.

 

 

Rappelle-toi Barbara 

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse

Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.

Jacques Prévert, "Paroles",

 

 

Pourquoi suis-je attachée à ce poème.

Parce que BREST est la ville de naissance de mon papi paternel et ma mamie adorée est née aussi dans ce finistère tout près de Brest à Quimper. Je vous dédie aujourd'hui ce poème vous qui m'avez éduquée avec amour et qui m'avez appris à aimer la mer, les côtes sauvages. Vous qui m'avez raconté la vie des pêcheurs sur les chalutiers, les histoires inquiétantes des naufrageurs de l'ïle de Sein; Vous qui avez connu la grande guerre et la suivante. 

Je me suis installée en Vendée auprès de cet océan que vous aimiez tant (ce ne sera pas en Bretagne, vous m'avez aussi appris non seulement à suivre la route que vous m'avez tracée tout en sachant m'en écarter un peu si je le souhaitais).

C'est grâce à vous que je suis celle que je suis aujourd'hui et j'en suis fière.

 

Grâce à ce prénom BARBARA, qui était mon pseudonyme quand je communiquais sur la citizen band (CB), j'ai rencontré mon Jeff qui était Radio-amateur et avec qui je suis aujourd'hui plus de 40 ans après (lire l'histoire ici)

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Rédigé par Martine.

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Publié le 12 Janvier 2015

Pour le défi 136 des Croqueurs de Mots animé par Enriqueta

Coup de foudre aux Galeries Farfouillettes

Coup de foudre aux Galeries Farfouillettes

 

Quand je travaillais à Paris, souvent le midi, après avoir mangé rapidement une salade,  je m’échappais de mon bureau pour aller aux Galeries Lafayette magasin auquel je suis affectivement liée. Ma grand-mère Marthe y ayant été vendeuse au rayon des chapeaux. Je me souviens des Fêtes de Noël aux Galeries pour les enfants du personnel sous la grande verrière art nouveau aux lueurs bleutées surmontant les arcades dorées des balcons des étages. C’était un décor de conte de fées pour la petite fille qui vivait chez son autre grand-mère dans une loge de concierge minuscule avec pour seul meuble, une table, quatre chaises, un lit , armoire, et une cuisinière au charbon.

 

Un midi, pendant que je déambulais au rez-de-chaussée du magasin, en baissant ma tête des étoiles de la verrière pour la ramener à la réalité, je t’ai aperçu. Tu attendais tranquillement je ne sais quoi, je ne sais qui. Les néons  illuminaient les pétales clairs de ta jolie fleur bicolore. Je me suis approchée pour t’admirer de plus près. J’ai eu l’impression étrange que tu me souriais. Je n’ai pu résister à la tentation. J’ai retiré un de mes gants de cuir et j’ai effleuré la surface de ta peau noire plissée.  Elle était chaude et douce comme les pulls en laine de Mamie Marthe. Je t’ai pris délicatement par la main pour t’examiner sous toutes tes coutures. Tu étais né en Italie, tu venais du Sud et je me mis à te chantonner au fond de moi même pour que personne n’entende les quelques paroles de la chanson de Chimène Badi :

 

J'ai au fond de ma mémoire
Des lumières d'autrefois
Qu'une très vieille femme en noir
Illuminait pour moi…..

Je viens du sud
Et par tous les chemins,
J'y reviens... J’y reviens

 

Présentement, Je ne reviens pas dans le sud mais dans l’ouest, dans la Bretagne de mes grands-parents exilés dans ce Paris des années 50.

 

Après avoir terminé mon examen, je te prends délicatement dans mes mains et devant une grande glace, en me disant que t’essayer n’est pas forcément t’adopter. je t’enfonce légèrement sur ma tête en t’inclinant légèrement. Miracle, tu es adapté parfaitement à la taille de ma forte tête pour ne pas dire grosse ce qui serait prétentieux. Je déteste les chapeaux et n’en porte jamais sauf des bonnets l’hiver à la montagne quand je skie. Je trouve que tu me vas très bien. Comme tu es bien adapté, je t’adopte. Je me dirige vers la caisse et m’acquitte de ton prix raisonnable. En sortant du magasin, je retire l’étiquette et te mets sur ma tête.

 

Depuis tu ne m’as plus quitté l’hiver même si je te fais quelques infidélités les jours d’intempérie ou je mets un chapeau de pluie pour ne pas te mouiller et les jours de grand froid quand je randonne ou je te remplace par un bonnet de laine pour couvrir mes oreilles fragiles. Tu te reposes tout l’été sur une étagère de mon dressing et je te remplace par un plus jeune : un petit canotier rose Fuchsia qui me protège le visage du soleil sur la plage.

 

Il m’arrive de te faire subir quelques mauvais traitements et je te prie de m’en excuser. Une de mes petites filles m’ayant refilé les poux qu’elle avait attrapé à l’école, j’ai eu  peur de t’avoir contaminé et après m’être débarrassé de mes désagréables squatters, faute de pouvoir te laver, je t’ai mis et laissé toute une nuit au congélateur dans un sac plastique avec mes brosses et peignes.  Je craignais en te récupérant mais tu étais sorti indemne de cette première guerre.

Récemment, pour une seconde guerre,  je t'ai perçé délicatement avec une épingle à nourrice pour accrocher un message "Nous sommes tous Charlie" et j'ai passé à travers le coeur de ta fleur un crayon pointé vers le ciel (voir photo ici)

 

Tu as quatre ans et tu n’as pas bougé, pas vieilli. Tu as fière allure mon galure . J’espère pouvoir te conserver le plus longtemps possible parce que tout le monde me dit que tu me vas bien et surtout en souvenir de Mamie Marthe qui, comme elle disait, travaillait du chapeau aux Galeries Farfouillettes.

 

Martine / Janvier 2015

 

 

P.S. Je m’excuse Enriqueta d’avoir pris des libertés par rapport au thème du vêtement. Je ne m’attache pas aux vêtements mais j’adore les accessoires (écharpes, foulards, bijoux…. et maintenant chapeaux)

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Rédigé par Martine.

Publié dans #Vécu

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Publié le 3 Novembre 2014

Pour le défi N° 133 des croqueurs de mots proposé par Harmonie 37 avec pour thème "nos pseudos" de blogs, ci-dessous un texte que j'ai déjà publié il y a cinq  ans légèrement modifié pour l'actualiser et qui y répond bien. Ce ne sont pas des pseudos de blog dont je parlerai (je n'en ai pas ou plutôt je n'en ai plus depuis que j'ai abandonné églantine que j'avais pris quelques temps pour préserver ou plutôt essayer de le préserver pendant la très longue procédure judiciaire que j'avais entamée contre mon employeur). Mais quand je faisais de la CB j'ai eu plusieurs pseudos.

 

Un amour de CB

 

Aujourd'hui nous avons les blogs, les forums pour communiquer avec le monde entier mais comment faisions nous il y a quarante ans sans internet ? Il n'y avait rien me diriez-vous, détrompez-vous

 

Il y avait la radio et notamment ce que l'on appelait la  Citizen-band, en abrégé la C.B. (on prononce comme en anglais cibi). Avant d'être une blogueuse, j'ai été il y a longtemps une cibiste.

 

Cette envie de communiquer avec des gens que je ne connaissais pas venant du monde entier est ancrée en moi depuis toujours comme l'est paradoxalement ma très grande réserve dans la relation. Est-ce un moyen de communiquer sans me mettre en danger, ou au contraire me forcer à tous prix à communiquer ? Je cherche encore la réponse.

 

 J'ai décidé de vous raconter aujourd'hui, amis blogueurs, mon expérience  cibiste qui a vraiment marqué et construit ma vie.

 

 

Mon père avait acheté un talkie-walkie (pour les connaisseurs un Tokaï 500). C'était un gros talkie-walkie assez puisant qui avait une bonne portée qui sortait des limites d'un appartement. Il s'était vite lassé de son jouet que j'avais récupéré.

 

Mes débuts de cibiste on été discrets. Le soir après le collège et le week-end, je tournais le gros bouton et j'écoutais les cibistes échanger entre eux...... Pour la plupart c'étaient des hommes d'un certain âge (OM : old man veut dire homme dans le langage cibiste pas forcément vieux) qui tenaient des discours très techniques auxquels je ne comprenais rien. Chaque cibiste à un pseudonyme. J'avais choisi Barbara (j'étais dans ma pleine période Prévert : « Souviens toi Barbara, il pleuvait sur Brest ce jour là ». C'était un peu stupide quand j'y pense, Barbara ce prénom qui évoque la séduction ne me ressemblait pas du tout.

 

Un jour enfin j'ai osé sortir de l'ombre, presser le bouton et prononcer quelques mots du bout des lèvres avec ma voix d'adolescente mal assurée « Appel général, appel général de Barbara ». Il y avait très peu à l'époque de femmes cibistes (YL : young ladie qui veut dire femme pas forcément jeune) à l'époque, Imaginez chers lecteurs l'effet que cela a pu avoir chez ces « OM » un peu machos, il faut l'avouer.

 

Candide comme je l'étais à l'époque, j'ai été très surprise du résultat et très ennuyée. Tout le monde souhaitait parler avec Barbara et je n'avais rien à leur dire.

 

De plus, je ne comprenais pas la moitié de ce que l'on me disait en langage cibiste « quel est ton QRA, quel est ton QRA me répétait t'on ». Certains de ces messieurs plus futés que les autres ont bien compris que je ne connaissais pas du tout le vocabulaire et que j'étais arrivé sur le canal 27 par le plus grand des hasards et que si ils voulaient m'entendre à nouveau ils fallait qu'ils traduisent.  Je les en remercie.  QRA veut dire domicile (ville).  Mais pourquoi voulaient-ils tous savoir où j'habitais.  Je leur ai répondu que j'habitais Rueil-Malmaison, heureusement pour ma tranquillité, ce n'était pas un village où je ne serais pas restée très longtemps anonyme  !

 

Devant leur empressement et leur afflux de questions, je me suis très rapidement mise en  QRT  (on cesse d'émettre... temporairement).

 

Et puis j'ai repris, et j'ai noué des contacts privilégiés avec certains cibistes qui habitaient dans la région, la portée de mon Tokaï 500 n'était pas très grande, certains avaient connu mon père lors de son passage éclair sur la fréquence. Il y avait pratiquement que des vieux cibistes, peu de jeunes mais je venais souvent échanger avec eux pour  lutter contre l'ennui et la solitude qui me rongeaient.

 

Il y avait bien un  jeune que j'entendais souvent, ce n'était pas réellement un cibiste. Tout le monde pensait que c'était un radio-amateur, un pro. En fait c'était un petit génie de la technique,  qui conversait avec le monde entier . Il m'énervait passablement car lorsqu'il parlait, sa puissance était telle qu'il couvrait tous les autres et qu'on ne pouvait plus échanger. On aurait dit qu'il prenait un malin plaisir à étaler sa puissance et montrer à tous qu'il était en communication avec des radios amateurs du monde entier.

 

Cela m'énervait mais  m'intriguait à la fois.... Je me faisais un plaisir de l'écouter, sa voix était plaisante.  Il me snobait vraiment ce qui n'était pas pour me déplaire bien au contraire.

 

Son pseudo ou plutôt ses pseudos : « Juliet Mike » pour les échanges internationaux et pour les cibistes avoisinants c'était tout simplement ou impérialement Titus. Ce nom d'empereur romain qui disait tout et son contraire : Titan (géant) ou titi (petit) me plaisait bien car il entretenait le mystère et j'ai toujours aimé les paradoxes.

 

Mais j'aimais bien aussi «Juliet Mike »  pour  le côté made in USA de ce double prénom et l'aspect féminin et romantique de Juliet qui me faisait penser à Roméo (autre prénom de la CB) et Juliette. Et si ce Juliet  devenait mon Roméo.

 

Barbara décidément ne me plaisait plus cela n'allait pas dans le contexte et Dutronc remplaca Prévert dans mon coeur : « le monde entier est un cactus », Du jour au lendemain Barbara devint « cactus » ..... Cela rimait bien avec Titus et c'était comme un avertissement : « N'approche pas, qui s'y frotte s'y pique ».

 

Savais-je à cette époque la consciemment ou inconsciemment que le danger attire les jeunes audacieux..... Cela eut son effet sur le 27 méga et sa Majesté de la CB, Titus 1er, voulut connaître cette jeune Barbara (j'avais 17 ans) qui de jeune fille extravertie légère, séductrice comme pouvait le laisser penser son prénom sortait soudain tous ses piquants. Il y avait dans cette mutation matière à en émoustiller plus d'un....

 

La rencontre eut lieu dans une brasserie près de la gare de Rueil une belle journée de printemps . Je m'en souviendrai toute ma vie, je portais une robe short légère et fleurie choisie pour l'occasion.

 

Titus apparut alors et tout de suite je fus séduite par ces cheveux longs auburn, son regard appuyé intelligent et doux. 

 

Je compris tout de suite qu'il n'était pas déçu par la jeune fille brune aux cheveux longs qui n'était pas du tout à son aise dans cette rencontre improvisée.

 

Mon côté militant (toujours défendre les plus faibles) que j'ai toujours gardé  prit le dessus. Je lui fis part de mes revendications lui faisant le reproche d'émettre quand je parlais avec les autres et de nous couvrir.

 

Il s'excusa en souriant (quel sourire) et me proposa de venir émettre chez lui ou plutôt chez ses parents ce qui me permettrait d'échanger et de dépasser les limites de Rueil et d'échanger sans frontières.

 

Je revis Jean-François (son vrai prénom dans la vie) souvent chez lui.

Je l'ai aussitôt appelé Jeff certainement pour conserver ce côté U.S. qui me plaisait dans son indicatif radio (aujourd'hui on dirait pseudo).

 

J'étais impressionnée par le matériel qu'il avait dans sa cave et par cette antenne géante motorisée qui tournait sur son toit. Nous échangions ainsi avec le monde entier et particulièrement avec le Québec. J'étais très heureuse ensuite de recevoir des QSL (cartes postales qui témoignaient de ces échanges internationaux sur les ondes).

 

Il venait parfois chez mes parents. Je me souviens de son grand éclat de rire quand je lui montrais mes jardinières sur mon balcon et qu'il vit chaque brin de muguet soutenu par un tuteur que j'avais confectionné avec une allumette !! Il n'y avait pas de cactus..... Je crois vraiment que j'ai fini de le séduire ce jour là.

Un amour de CB (défi 133 des croqueurs)

Trois ans après, en Juin 1973,  nous nous sommes mariés.

 

Nous avons rapidement arrêtés la CB nous la conservions uniquement dans notre voiture pour écouter les routiers et ainsi éviter les radars sur l'autoroute.

 

Nous avons eu deux enfants une fille Laurence et un garçon Grégorie qui nous ont comblé de bonheur et dont nous sommes fiers.

 

Nous avons fêté en juin dernier notre 41ème anniversaire de mariage et nous avons six petits enfants.

 

Mes blogs ont remplacé définitivement la CB et je pense que si je suis devenue une "accro" de la blogosphère c'est à cause, on va dire grâce à la CB dont je serais toujours nostalgique même si je préfère maintenant internet parce que j'aime tant l'écriture.

 

Martine / Novembre 2014

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Rédigé par Martine.

Publié dans #Vécu

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