Romane
Publié le 25 Mai 2016
Je m’appelle Romane. J’ais sept ans, l’âge de raison comme disent les adultes mais les adultes se contredisent toujours. Par exemple Maman qui est une adulte dit que je ne suis pas raisonnable de croire que plus tard j’épouserai un prince charmant et deviendrai princesse comme Raiponce. Les princesses n’existent que dans les contes de fée. Pour me consoler, Elle ajoute que je serais toujours aussi jolie et que, si je veux, je pourrais avoir des cheveux très longs presque comme Raiponce mais pas tout à fait quand même car ce ne serait pas très pratique, je pourrais marcher dessus. J’ai perdu mes dents. C’est très difficile de sourire avec des dents en moins. Je suis obligée, pour ne mas montrer les trous, de serrer les lèvres et de rester muette ce qui est très difficile car je suis très bavarde. J’aime beaucoup m’amuser, rire, courir dans la cour avec les garçons. Je n’ai pas beaucoup de camarades dans cette école privée, je les trouve coincés et aussi stricts que leurs uniformes. Je préfère mes copains et copines dans ma cité qui eux sont plein de vie même s’ils m’appellent « l’œuf de pâques » à cause des rubans blancs que maman met dans mes cheveux. Je les trouve jolis ces rubans de soie mais j’ai demandé à maman de ne plus les mettre surtout quand je suis dans la cité. Heureusement qu’elle me met pas des boules dans les cheveux, on me prendrait pour un sapin de Noël. Parmi mes camarades à la cité, il y en a de toutes les couleurs, des grands marrons, des jaunes comme des citrons, des cafés au lait et des blancs comme moi. C’est ce que maman n’aime pas et c’est pour cela qu’elle me met à l’école privée pour ne pas que j’ai de mauvaises fréquentations parce que pour elle quand on est marron ou noir chocolat, on n'est pas la crème comme elle dit. Pourtant moi je n’aime pas la crème de marrons mais j’aime bien les grands marrons qui me font rire. J’aimerais être avec eux à l’école publique du quartier. Ils me racontent tout ce qu’ils peuvent faire et qu’il est impossible que je fasse avec les religieuses ici. Ils aiment bien leur institutrice Madame Jill bill qui les accueille tous tels qu’ils sont et quels que soient leurs prénoms. Plus ils ont des drôles de prénom, plus elle est heureuse de les accueillir. Il y en a qui s'appellent Maclou comme les tapis, Pantaléon qui est surnommé pantalon, Barbe et curieusement c’est une fille et elle n’a pas de barbe comme papa. Je préfère m’appeler Romane même si en plus de l’œuf de pâques on me surnomme parfois « romanichelle ». J’ai demandé à maman ce que cela voulait dire, elle m’a dit que c’était des gens qui vivaient dans des roulottes qu’il ne fallait surtout pas les fréquenter. Elle m’a demandé pourquoi je lui posais cette question. Je lui ai répondu qu’il y avait une petite fille à l’école qu’on appelait comme cela mais qu’elle ne vivait pas dans une roulotte, qu’elle était très gentille et que je l’aimais bien. J’ai demandé à maman si l’an prochain je pourrais aller à l’école du quartier car je trouvais mes petits camarades dans mon école trop coincés et qu’ils ne me faisaient pas rire comme mes amis de la cité. Maman m’a répondu qu’on n’allait pas à l’école pour rire, mais pour apprendre et que moins on riait et on s’amusait, mieux on apprenait. Je n’étais pas d’accord mais je n’ai rien dit. Je n’irais jamais dans la cour de récréation de Madame Jill Bill et c’est dommage, je crois qu’elle m’aurait fait beaucoup rire. Et comme je l’aurais beaucoup aimé, j’aurais très bien travaillé pour lui faire plaisir et pour montrer à maman qu’elle se trompait. Plus tard, à défaut d'être princesse, je serai institutrice.
Martine pour les prénoms du Mercredi de Jill Bill