Aujourd'hui j'ai envie de vous parler de mon voisin Lucien GONDRET, artiste peintre qui expose aux Etats unis, en
Chine
(Pour voir quelques unes de ces toiles sur un article que
je lui ai consacré dans mon autre blog, cliquez ici)
Lucien GONDRET est aussi poète et je suis heureuse de publier aujourd'hui sur mon quai son poème sur son Cher Vexin
que j'aime tant également illustré par quelques unes de mes photos :
Depuis le jour où je suis né,
Voila déjà un bon moment,
Personne n'aurait pu le deviner
Qu'on s'aimerait aussi longtemps.
Et après toutes ces années
Qu'on a passées à vivre ensemble,
Je crois qu'on peut se tutoyer
C'est bien plus sympa il me semble
Je te le dis, et le répète :
Vexin tu m'as tout apporté
Si ma peinture est une fête
C'est toi que je dois remercier
Avec mon âme de paysan,
J'aime te peindre par tous les temps,
Et sous la neige, ou dans le vent
Dans l'aube claire du firmament.
Car tout m'inspire et tout m'étonne :
L'enchantement d'un soir d'été,
La pluie d'avril, brouillard d'automne
Tant de beauté, de volupté
Mais pour moi cette belle terre,
Restera toujours un mystère
J'aime l'argile encore fumante
De tes gros labours de printemps,
Dans une brume frémissante,
Le matin, au milieu des champs
Telle une marée de blés d'or,
Qui ondule comme la mer,
L'été s'achèvera encore,
Dans une impression douce-amère,
Mais laisse la fenêtre ouverte,
Je veux respirer ta peau,
Le chaud parfum de l'herbe verte,
Qui fleurit le long du coteau.
Sur les chemins, dans tes forêts,
J'ai toujours trouvé l'harmonie
Et la musique dont je rêvais
Pour une douce litanie.
Je suis content, car hier soir,
Alors qu'il faisait presque noir,
J'ai retrouvé dans la vallée
La cressonnière abandonnée
Où j'allais jouer quand j'étais môme,
Dans une boucle de la Viosne,
Sa cabane au toit de roseaux
Où vont se nicher les oiseaux.
Si elle est un peu délabrée,
A cause du froid et des années,
Fièrement , elle a conservé
Tout son charme et sa beauté.
La nuit tombe sur la Villetertre
Et tout s'endort, je le regrette
Le vent chuchote sur l'étang
Des mots d'amour, d'un autre temps.
C'est tellement beau que j'en frissonne.
Mais j'y pense, c'est déjà l'automne.
Et je voudrais encore flâner,
Continuer de m'émerveiller
Dans les marais et sur les bords
De l'Aubette ou du Sausseron
Parmi ce fabuleux décor
D'iris d'eau et de liseron.
Tu as gardé dans ta mémoire
les souvenirs de mon enfance
Heures sombres ou moments de gloire,
Sur cette bonne terre de France.
Août 44, je me souviens
Du soldat noir américain
Debout et fier sur son char
Qui descendait les rues de Chars
Il revenait de Normandie,
Pour aller libérer Paris.
J'espère qu'il est encore en vie
Je voudrais tant lui dire : Merci
Te souviens tu de nos glissades
Sur l'eau gelée des caniveaux
Rue de l'église, après le caté ?
C'était trop beau ces rigolades
Nos mains glacées sous le manteau
Avec nos galoches cloutées
Le monde avance, et la vie change
On ne met plus de blé dans les granges.
L'eau fumante des lessiveuses
Ne s'écoule plus dans la rue.
Cette tâche si laborieuse
Heureusement a disparu.
Du coup, les enfants d'aujourd'hui
Se retrouvent privés de glissade
Le temps tue la poésie
J'ai le coeur qui bat la chamade
Dans tes vallons et tes vallées
De Vetheuil à Nesles la Vallée,
Sous de grands ciels radieux
Aux paysages bénis des dieux,
J'ai écouté battre ton coeur,
Et comme Joe le compositeur
J'ai tout essayé pour traduire
Cette passion que tu m'inspires.
J'aurais tellement voulu pouvoir
Atteindre ce rêve illusoire
Clef de sol de mon répertoire :
Surtout ne pas te décevoir
Tu as su enrichir mon oeuvre
De tes clochers, de tes villages
Si je n'ai pas peint de chef-d'oeuvre
Je t'ai rendu un bel hommage.
Pourquoit faut-il toujours douter
Quand on veut peindre la beauté ?
L'art n'est pas simple, vous le savez
Ca ne suffit pas de barbouiller
J'ai donc prié dans tes chapelles
Dans tes églises, tes champs de blé,
Qu'un élan mystique m'appelle,
En quête d'authenticité.
Car moi qui me croyait si fort
J'ai bien besoin de réconfort.
J'aime les grandes symphonies,
En musique ou bien en couleurs,
Mais avec toi je communie
Au concerto en la mineur,
Un dialogue, une confidence
Chacun dévoilant ses secrets
Dans une tendre connivence
A mots feutrés, pleins de respect
J'ai toujours bien suivi ta voie
A la recherche d'absolu.
Mais si pourtant, malgré tout ca
Je t'ai quand même un peu déçu
Vexin ne m'en veux pas
J'ai fait ce que j'ai pu
VIncent, Camille, Claude et les autres,
A Auvers, Pontoise ou Giverny,
J'aurais aimé être des vôtres
Pour partager votre folie
Cent ans après, modestement
Ivre d'amour et inconscient
J'ai voulu marcher dans vos pas
Mais ils sont bien trop grands pour moi
Que laisserai-je de mon passage ?
Quelques tableaux, quelques images
Eparpillés de par le monde
Dans mes rêveries vagabondes
Bien peu de chose, en vérité,
Aux regards de l'humanité
Mais si je n'ai pas pu vous faire plaisir,
En concrétisant vos désirs,
Entre nous, je veux bien l'avouer,
C'est ca ma plus grande fierté
Vexin mon frêre mon amour,
Un jour il faudra se quitter,
Pour un voyage sans retour,
Sans regretter, ni pleurnicher
Et commencer cette autre vie,
Où on pourra s'aimer aussi.
Car puisque tel est mon destin
Dès la naissance, je le savais
C'est dans la terre du Vexin
Que pour toujours je dormirai
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