Eva.... Evasion
Publié le 22 Septembre 2014
Pour le défi 130 des croqueurs de mots piloté par Lenaig, ci dessous ma participation
Eva.... Evasion
Je m’appelle Eva. Je suis une jolie brunette aux yeux verts. J’ai 4 ans. Orpheline, J’ai été adoptée il y a un an dans une famille sans enfants : pas tout à fait, mon père et ma mère ont un petit chien tout fou au nom stupide de Gribouille. Il n’arrête pas de m’asticoter en me mordillant les mollets ou en m’envoyant une balle avec sa patte que je m’empresse de lui retourner. Il sent mauvais, je n’aime pas trop les chiens.
Nous vivons dans un appartement d’un immeuble de banlieue le long d’une rue bordée d’arbres et de pavillons aux jardins fleuris ou des enfants bruyants jouent. Je les envie. J’aimerais comme eux pouvoir jouer et courir au soleil.
Ma mère adoptive n’est pas une affective, elle me fait rarement des câlins, ne me serre jamais dans ses bras et ne joue pas avec moi. Elle est pourtant gentille et attentionnée. Elle aime cuisiner de bons petits plats. Chaque matin, après ma toilette, elle me peigne longuement et même si elle fait attention à ne pas me faire mal, j’ai horreur de cela, je proteste, j’essaye d’échapper à ce supplice.
Mon père travaille beaucoup, on ne le voit presque pas et quand il est présent, Il me regarde d’un air absent. Comme moi il a l’air de s’ennuyer ici.
Depuis quelques temps le ventre de ma mère a grossi, il parait qu’elle est enceinte. Je ne savais pas trop ce que cela voulait dire mais elle m’a expliqué qu’elle attendait un petit bébé pour bientôt et que je devrais faire attention à lui car ce n’était pas un jeu. Je ne veux pas de ce bébé.
Je sors parfois avec mon père et ma mère pour aller chez le docteur qui me tripote sur toutes les coutures et me fait des piqures. Je déteste le docteur qui me fait si mal.
Parfois je pars en week-end avec eux en voiture. Les trajets sont très longs. Je n’aime pas la voiture. J’ai envie de faire pipi mais il faut que je me retienne. Nous passons deux jours dans une petite maison à la campagne où je peux jouer dans le jardin. Ces escapades trop rares m’ont donné le goût de la liberté.
Aujourd’hui j’ai décidé de partir Cette idée, loin de me faire peur, me grise mais le plus difficile est de réussir mon évasion. Ma mère est absente. La femme de ménage est là et je sais qu’elle va ouvrir la porte de l’appartement, prendre l’escalier pour aller vider la poubelle au sous-sol deux étages plus bas. Je guette le moment. Dès qu’elle ouvre la porte, je me précipite dans la cage d’escalier et descend en courant. Elle m’appelle Eva, Eva …. Je continue à descendre jusqu’au sous-sol par chance la porte d’accès au parking est ouverte. Je pénètre dans le parking et me cache derrière une voiture tout près de la porte donnant sur la rue. Elle arrive dans le parking, ouvre la lumière et m’appelle, je ne bouge pas. Soudain le feu de la porte se met à clignoter, la porte s’ouvre peu à peu. Quand elle est complètement ouverte une voiture blanche pénètre dans le parking. Je me précipite dehors juste avant que la porte se referme complètement. Je cours pour m’éloigner au plus vite.
Je traverse la grande avenue en faisant attention aux voitures et emprunte une petite rue bordée de jolies maisons. L’une d’entre elles a son portail ouvert. C’est trop tentant, je suis curieuse, je rentre et m’en vais batifoler sur la pelouse. Une des portes fenêtres de la maison est ouverte, je m’en approche avec prudence et jette un regard à l’intérieur. Une jolie jeune fille s’approche et m’aperçoit. Je recule. N’ai pas peur minette, je veux te caresser, je ne te ferai pas de mal. Je n’ose pas approcher, elle repart dans la maison. J’attends caché derrière un massif. Elle revient avec une assiette avec des croquettes et un bol de lait. « Allez approche jolie petite chatte me dit-elle de sa voie si douce ; J’avance doucement. Elle reste immobile, je suis près d’elle, elle ne bouge pas. Je me mets sur le dos et me roule à ses pieds. Elle se baisse et me caresse comme personne ne l’a jamais fait. C’est l’extase. A peine la liberté retrouvée, je décide de rester là dans ce grand jardin : ma nouvelle demeure.
Martine / Septembre 2014