La honte

Publié le 13 Décembre 2008

Après que nous ayons récité comme chaque matin le traditionnel « Notre père », l'institutrice s'assied sort de son cartable un paquet de copies. Elle les dépose sur son bureau et dit d'une voix froide : Je vais vous rendre vos rédactions « Racontez votre dernier  Noël ». Comme à chaque fois, elle lit les écrits qui ont obtenu les meilleures notes.  Après avoir lu 2  rédactions, elle me regarde d'un air hautain et sévère, s'empare de ma copie  et débute sa lecture :


« Le jour commence à poindre derrière les persiennes de métal rouillé, Je  reste quelques minutes blottie bien au chaud sous la couverture écossaise, j'hésite quelques instants à quitter cette douce quiétude et affronter la fraîcheur matinale de la pièce mais je me  souviens que c'est Noël aujourd'hui. Que vais-je  avoir cette année ? Impatiente de découvrir mon cadeau. Cela fait plusieurs jours que je résiste à la grande envie de fouiller les placards du petit appartement. Je me lève et me  dirige pieds nus sur le plancher froid vers la salle à manger. Au pied du sapin, je repère très vite mon paquet. Une boîte bien rigide recouverte d'un joli papier cadeau vert sur lequel des pères-noël sont imprimés. Je dénoue avec soin  le ruban rouge, enlève le papier et découvre un coffre en bois clair vernis. Que peut-il contenir ?  Je  l'ouvre  religieusement et découvre .... un microscope noir et de nombreuses lamelles de verre. Je n'ose pas y croire, me  frotte les yeux. Serait-ce un rêve, On  m'a offert le microscope dont je rêve depuis longtemps. Je me retourne, Papa se tient là derrière moi, me regarde comme à chaque fois avec tendresse et fierté. Je me précipite dans ses bras, l'embrasse. Je pose le coffret sur la table de la salle à manger et je sors le microscope. Que vais-je pouvoir observer. Papa va chercher une épingle, la nettoie avec de l'alcool et se pique le doigt, il dépose une goutte sur une lamelle de verre, l'étale et la recouvre d'une seconde lamelle. Il place le tout sous l'optique du microscope et me demande de regarder. Tout est flou, je règle la molette et soudain  apparaissent  de nombreuses cellules rondes grises et transparentes. C'est magique et merveilleux. Je prends conscience à ce moment là que nous sommes constitués de cellules et que chacune d'entre elle porte la vie.

Je me souviendrai de ce matin la toute ma vie comme mon meilleur souvenir de Noël »


Après avoir terminé la lecture, l'institutrice se lève de son bureau ma copie à la main emprunte l'allée centrale entre les pupitres et se dirige vers moi, elle jette la copie sur mon bureau en éructant :


- "Mademoiselle, bien que cette rédaction soit très bien écrite et qu'il n'y ait aucune faute, vous aurez zéro car vous n'avez pas eu un microscope, vous avez menti par vanité"


- "Je ne mens pas j'ai bien eu un microscope, je peux l'amener pour vous le prouver".


- "Taisez vous immédiatement, vous devriez avoir honte, avouez que vous avez menti comment voulez vous que vos parents qui sont pauvres et qui ne peuvent payer votre scolarité puissent avoir les moyens de vous payer un microscope ? " 


Cette dernière phrase me transperce comme une blessure. Je ne sais quoi répondre à cette injuste humiliation publique. Toutes mes camarades me regardent, certaines avec un cruel air moqueur. Je ne pourrai même pas amener le microscope de peur qu'on réclame à mes parents de payer. Je préfère passer pour une menteuse. J'ai honte. Je retiens mes larmes mais je ne baisserai pas les yeux, Papa doit être fière de moi.

Rédigé par eglantine

Publié dans #Nouvelles

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J
évidemment consternée par tant de préjugés et de bêtise méchante. Je ne m'attendais pas à cela mais à un plus classique mais humiliant aussi &quot;c'est trop bien pour que ce soit de vous&quot;<br /> L'humiliation au mensonge et à la pauvreté c'est bien, excuse-moi ce parti pris, une pratique de l'école privée religieuse, que l'on appelait école libre à l'époque de notre enfance, je me demande bien pourquoi. Mais je te rassure, enfin ce n'est pas rassurant, des enseignants experts en humiliations il y en avait aussi à l'école publique et j'en ai connu.<br /> merci pour ton lien qui m'a conduit à ce texte
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A
<br /> Quel manque de coeur et de perspicacité psychologique cette enseignante. J'espère bien qu'elle grille en enfer<br /> <br /> <br />
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N
Je réagis à cet article car ce genre d'enseignants que j'ai moi ausi connue nous blessent infiniment avec leur méchanceté .Les plus durs moments restent gravés, la preuve en est ! A force d'être la mal-aimée de la maîtresse , les copines me laissaient seules dans la cour de la récération! Plusieurs fois, rien que pour le plaisir en cm1 la maîtressse me donnait des coups de pieds avec son talon pointu(interdit de pleurer)et me tirait les oreilles jusqu'au décollement(cà saignait).Je là déteste encore vivante ou morte car ma petite soeur a subi le mêm sort..bref , n'y pensons plus, mais soyons vigilants à toute les formes de violence..<br /> nadine.
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C
Et bien, je t'annonce que la reprise de ton texte est disponible ici : http://corn-flakes.over-blog.com/article-26278319.html.<br /> <br /> J'avoue que je suis resté un peu trop fidèle à l'original, je voulais partir dans plus de violence, mais j'ai préféré la suggestion. Enfin, si cela ne te convient pas, que tu trouves que c'est trop plagié, je peux le retirer sans problème, il suffit de me demander. Je te souhaite néanmoins une bonne lecture, en espérant que ça te plaise. :)
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C
Et bien, voilà une institutrice bien dérangée. Le fait que ce soit réel prend bien aux tripes, on s'interroge sur le pourquoi de cette humiliation, de son intérêt, du malin plaisir qu'à pu éprouver l'institutrice... Après, niveau écriture, rien de très grandiloquent, mais qu'importe, le message passe sans problème ! <br /> <br /> Enfin, m'autoriserais-tu à te rendre hommage (ou du moins hommage à cette nouvelle) dans un texte où la rage que l'on a pu éprouver à la lecture éclate au grand jour ?
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E
<br /> Oui tu peux sans problème. Bonnes fêtes de fin d'année.<br /> <br /> <br />
A
et bien,quelle dureté!!!<br /> et je ne comprend pas cette manière de faire de la part d'une enseignante....<br /> dur dur pour la petite fille que tu étais!
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G
Cette femme n'est pas à sa place dans une école ! Encore moins comme institutrice, la honte c'est plutôt son comportement indigne !<br /> <br /> Trés beau récit Eglantine !
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D
Bonjour depuis Canton (Guangzhou) Chine, il y a encore des instits que ne font pas la différence entre éduquer et insulter, heureusement pas tous ainsi ,je te souhaite une bonne journée :0059: bye<br /> http://dany.enchine.over-blog.com/
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B
salut <br /> Ben tu vois je suis contre frapper les instits mais là elle le méritait d'avoir la baffe <br /> J'ai la grippe alors je m'attardes pas trop car tu pourrais l'attraper , lol <br /> bonne soirée
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S
Juste indigné<br /> Juste révolté<br /> Juste en colère...Je hais la bêtise humaine...<br /> <br /> Juste un belle pensée...Amitiés.
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K
Des enseignants comme ça, c'est une honte!!!<br /> J'en ai connu qui brimaient les élèves de cette manière et j'avais de la détestation pour eux...<br /> Quelle triste anecdote... Ne pas avoir beaucoup de moyens financiers n'a rien de honteux, c'est la faute à la vie tout simplement. Il y a bien des personnes aisées qui sont peu respectables...<br /> Bisous
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L
Quelle histoire !!! Ils se sont sacrifiés pour lui offrir un microscope : c'est tout.<br /> Bonne Journée Eglantine<br /> Bises, Laurent
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S
Cela sonne le vrai, ce récit, Eglantine. Cela rappelle aussi une époque où le maître (ou maîtresse) était tout puissant du haut de son estrade, dans le bon comme dans le mauvais !<br /> Ton souvenir d'un Noël me rappelle celui qui est resté gravé en ma mémoire de toute petite fille ( dû aussi à la tendresse d'un père).<br /> Bises.
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:
Bonjour,<br /> Quelle horreur, les instituteurs d'hier avaient une telle "emprise" sur les élèves que nous étions, et les blessures restent à vie dans nos coeurs !<br /> Maintenant ce n'est pas mieux, les instits sont complètement débordés par des enfants qui ne savent pas que l'école est un sanctuaire.<br /> Bonne semaine.<br /> D@net.
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L
Heureusement qu’il y a de nombreux professeurs extraordinaires et qui aiment. Car il faut non seulement aimer son métier mais surtout les enfants.<br /> <br /> J’avais écrit moi aussi, pour un peu « laver » ces humiliations qui marquent à jamais.<br /> <br /> Bonne semaine à toi, bises.<br /> <br /> http://leblogdelouis-paul.hautetfort.com/archive/2006/06/09/le-professeur.html
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M
Ton histoire est le reflet du temps passé. Les instit. étaient toutes comme çà, même à l'école communale, méchantes et agressives et les enfants ne pouvaient rien dire, ils baissaient la tête. Je l'ai vécu aussi. Bisous
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P
comment elle peut affirmer que tu n'as pas eu de microscope .......<br /> <br /> moi auusi j'en aurai rèvè et bien j'en ai jamais eu<br /> <br /> @+
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M
Quelle vieille bique !!<br /> Bonne semaine
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L
Courageuse et fière. Intelligente et aimante. Ton histoire est belle et, moi, je t'aurais donné 15 sur 20. Car même si tu l'avais inventée, cette histoire de Noël (ce que je ne crois évidemment pas), elle est un bel exercice ! Et, de plus, ta réaction un une déclaration d'amour.<br /> Ton père devait-être quelqu'un de bien.<br /> Amitiés. Loic
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B
je ne sais quoi dire. c'est un récit poignant et d'une injustice flagrante.<br /> une souffrance gratuite infligée à une innocente.<br /> malheureusement ce genre de personnes existent.
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B
je ne sais quoi dire. c'est un récit poignant et d'une injustice flagrante.<br /> une souffrance gratuite infligée à une innocente.<br /> malheureusement ce genre de personnes existent.
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P
Un récit qui renforce mon sentiment anticlérical.<br /> Bonne soirée églantine.
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E
Quelle horrible personne que cette femme!
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M
Une bien difficile situation pour un enfant, pris entre l'envie de crier la vérité et protéger ses parents, une adulte pas très réceptive , une instit indigne de ce nom, et la méchanceté des enfants entre eux, un moment très douloureux à vivre, et les jours qui vont suivre le seront également. bonne soirée Eglantine
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J
Bonjour Eglantine ,<br /> <br /> Un nouvel exemple qui doit nous faire comprendre qu'il ne suffit pas de se fier aux apparences...<br /> <br /> Grosses bises<br /> <br /> @+
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A
Incroyable qu'une institutrice puisse être aussi cruelle! La petite fille a raison de ne pas baisser les yeux afin d'affirmer la vérité.<br /> Bises Eglantine, passe un bon dimanche!
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L
après la prière? <br /> elle n'a aucun respect, même si 'histoire n'était pas réelle, elle aurait du voir, qu' un devoir bien réalisé. <br /> et en plus aucune charité chrétienne!!!<br /> a bientôt<br /> lylytop
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M
Quelle imbécile cette instit, surement la jalousie d'un texte bien écrit ; gros bisous Eglantine, Monique
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:
Très émouvant ... J'en ai les larmes aux yeux car je suis déjà sous le choc de l'annonce du décès de Christian ....<br /> Bon dimanche ! Bisoux.
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E
<br /> Moi aussi je suis toute triste, j'aimais beaucoup christian : ses photos superbes, sa sensibilité qui perçait à travers ses photos, sa gentillesse. Nous avons perdu un ami .... Il nous<br /> manquera<br /> <br /> <br />
:
de payer........? <br /> et de quoi se mêle-t-elle... ?
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C
l'institutrice a découvert que tu avais don pour écrire et elle essaie tout simplement de te bousiller à vie par jalousie.. c'est sans qualificatif, ce qu'elle a fait.. tu devrais la retrouver et lui envoyer ce texte.<br /> je te fais bisous, <br /> Clémentine
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J
Ouh la la la, Martine<br /> <br /> Je ne sais pas quoi dire en lisant un récit aussi poigant. Tant il vrai que les blessures d'enfance ne s'oublient jamais. Heureusement qu'il en va de même de meilleurs souvenirs aussi n'est-ce pas ? <br /> <br /> Bises
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:
Aucune idée de ce qui arrivé à Christian, c'est un email de Gérard (Vision) qui est aussi en Alsace qui m'a prévenu ce matin. Cette nouvelle nous a bouleversé, je n'ai pas appelé sa femme, car je suppose qu'elle est hélas occupé à d'autres taches.<br /> Bises
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M
dur et émouvant ce récit ..<br /> <br /> comme quoi, des fois, ceux qui sont chargés de t'instruire sont parfois des imbéciles et méchants ....bisousssss
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L
Je me mets dans la peau du personnage : la tienne<br /> Une rage, une envie de la giffler, de lui carcher au visage, comment enseigner quand on a si peu d'amour pour les enfants, de dignité, de respect...si seulement elle pouvait aujourd'hui lire ton texte, ce serait lui montrer ce qu'elle était : nulle !<br /> Honte et l'âme touchée ...comme j'en aurai à raconter , surtout autour de moi, car trop timide à l'époque, comme toi, je me taisais<br /> Bises et bonne soirée
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P
Sûr qu'il la était !!!!! Bonne soirée.
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:
quelle idiote et méchante institutrice, mais cela me rappelle une rédaction que j'ai faite ou ce que je racontais concernant un événement réel qui était arrivé à la maison, j'ai eu a subir aussi une mauvaise note car d'après l'instit ce que je racontait était un mensonge et pourtant c'était la strict vérité. Comme quoi tu racontes un mensonge et tu es félicité, la vérité à un parfum de mensonge et le mensonge devient vérité. Tout compte fait c'est un mauvais souvenir d'une vilaine institutrice. Bisous
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I
Envie de lui tordre le cou à cette fichue instit qui n'est pas digne d'en porter le nom!<br /> Est ce tiré d'un fait réel?<br /> Si oui je trouve ta rédaction superbe, bien écrite.<br /> J'ai retrouvé des rédactions écrites quand j'avais 7-8 ans. Si il n' y avait pas trop de fautes, les sujets étaient toujours cul cul la praline!<br /> Bises<br /> Dany
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E
<br /> C'est réel Dany, on n'invente pas cela , je l'ai  vraiment vécu mais je n'ai pas gardé mes rédactions .... Je l'ai réécrite et elle ne devait pas être écrite comme cela. C'est un souvenir<br /> encore aujourd'hui très douloureux.... mais les humiliations dans cette école privée catholique avec comme instit des vieilles filles frustrées et sans coeur, j'en ai connu d'autres....Je les<br /> raconterai peut être un jour....<br /> <br /> <br />