Consultante emploi / Les débuts
Publié le 17 Septembre 2009
Je débute dans le groupe C. sur le bureau de la ville nouvelle de Saint Quentin en Yvelines où est la Direction du Département pour être formée avant de débuter seule sur Cergy. Je participe en arrivant avec des nouvelles embauchées à un stage de formation aux techniques de recherche d’emploi et à la méthodologie du Cabinet. Ce stage est animé par une consultante senior expérimentée qui m’impressionne beaucoup par ses compétences, son sens pédagogique et son enthousiasme communicatif. Je me rends compte aussitôt que j’ai tout à apprendre dans le domaine. L’ambiance est très agréable, tout le monde se tutoie, s’appelle par son prénom. A part les directeurs les consultants sont en majorité des femmes. Elles ont toutes plus de quarante ans, voire plus de cinquante ans, sont passionnées par ce qu’elles font et sont très ouvertes et accessibles. Je suis tout de suite acceptée et me sens immédiatement acceptée. Nous mangeons toutes ensemble le midi à la cantine ce qui permet de mieux nous connaître. Il y a un vrai esprit d’équipe et une excellente ambiance. Je n’ai plus de patron réellement et la perspective d’être lâchée sur le bureau de Cergy en toute indépendance sans personne derrière moi pour me contrôler me réjouit certes mais m’effraie aussi beaucoup compte tenu de mon manque d’expérience dans le métier.
Quelques semaines après j’arrive donc au Bureau de Cergy et je retrouve la consultante qui avait participé à mon recrutement et qui est elle responsable du reclassement des cadres. Elle appartient au département outplacement individuel basé au Siège du Groupe à Paris. Nous allons avoir à travailler ensemble mais sans lien hiérarchique direct. C'est une femme très active, enthousiaste, sympathique mais je sentirai tout de suite qu’il y a une frontière entre l’outplacement individuel des cadres et l’outplacement collectif des ouvriers.
Dans les locaux tout est séparé même les toilettes. il y a des toilettes cadres et des toilettes ouvriers et
employés. Ils auraient très bien pu être mis en commun ce qui aurait permis de faire des toilettes hommes et des toilettes
femmes.
Je me rendrai compte par la suite lors de mes déplacements au Siège que ce qui est vrai à Cergy l’est encore plus à Paris, où les consultants d’outplacement individuel cadres se considèrent
supérieurs à nous consultants des plans sociaux d’ouvriers et d’employés. Ils se gargarisent de la relation interpersonnelle qu’ils ont avec des cadres supérieurs et des dirigeants alors que nous
travaillons avec la masse.
Peu importe, je vais apprendre à travailler en toute indépendance. J’ai mes premiers salariés à accompagner. Je me
souviendrai toujours des deux premiers : Claudine une comptable trésorerie et Pascal un employé de reprographie d’un grand groupe qui retrouveront rapidement un emploi. Claudine à
Cergy près de chez elle et Pascal à Paris près de l’étoile dans un société de reprographie. Je suis très heureuse de ces résultats et je resterai longtemps en contact avec Pascal et 16 ans après,
je suis toujours en contact avec Claudine.
Dans les plans sociaux, il y a également des cadres à accompagner et j’en accompagne quelques uns avec beaucoup de succès.
J’anime des sessions de formation aux techniques de recherche d’emploi assez théoriques et des ateliers plus ludiques de mise en pratique.
J’apprends également à faire de la collecte d’emploi. J’appelle spontanément des responsables de recrutement et des responsables de PME pour connaître leur besoin en recrutement et leur proposer
les candidats dont je m’occupe. Cette téléprospection (la moitié de mon temps) qui est contre ma nature m’apprends aussi à lutter contre ma réserve et ma timidité. Je me force à le faire avec
comme seul objectif reclasser les salariés qui me sont confiés sur des postes que j’ai moi-même collectés et cela fonctionne assez bien.
Je me souviens d’un employé d’un grand constructeur automobile qui avait le visage très rouge. Je ne l’avais jamais vu en état d’ébriété mais je savais qu’il ne serait pas embauché car son faciès
(d’ancien alcoolique je pense) pouvait inquiéter le recruteur. Je collecte un poste d’employé administratif dans une mutuelle qui lui correspond tout à fait. Quand j’ai le responsable de
l’entreprise en ligne, je lui annonce la couleur, c’est le cas de le dire, en lui précisant qu’il ne s’inquiète pas du faciès très rouge de ce Monsieur qui m’a inquiétée moi-même au départ mais
que je peux lui garantir que je ne l’ai jamais vu en état d’ébriété. Il le reçoit en entretien et me rappelle ensuite en me précisant qu’il va l’embaucher. Il sera conservé à l’issue de sa
période d’essai.
Je me souviens de ce Directeur Administratif et Financier qui bégayait fortement. Je lui conseille en début d’entretien de prévenir son interlocuteur de son bégaiement pour que le recruteur ne soit pas surpris et qu’il soit ensuite plus bienveillant à son égard. Il retrouvera également un emploi.
Les résultats sont là. Je commence à accompagner quelques cadres.
Au bout de quelques temps on me demande de faire aussi du développement commercial. Je vais donc rencontrer des entreprises, présenter le cabinet et négocier avec eux des prestations
de bilans de compétences ou d'outplacement individuel ou collectif. Je ne suis pas une bonne commerciale, je suis trop réservée, je n'aime pas négocier. Je me force néanmoins et comme j'arrive à
parler de mon métier avec passion cela marche assez bien.
Les premiers résultats en engendrent d'autres et quand j'ai obtenu un client je le garde car il est content de la qualité de la prestation, des résultats obtenus et aussi de la bonne relation que
je sais instaurer. J'augmente beaucoup mon salaire avec les primes que j'obtiens sur les contrats gagnés.
A suivre