Consultant emploi / Une nouvelle entreprise
Publié le 29 Septembre 2009
Il me donne quinze jours pour fermer le bureau de Cergy, prévenir mes secrétaires et les consultants qui ne sont pas repris, les clients, organiser le déménagement. Il m'annonce qu'après je regagnerai le siège parisien. Pour compenser le fait que, n'ayant plus de bureau, je perds mon titre de BU Manager , il me dit "Nous rouvrirons un jour ce bureau et vous en aurez la responsabilité. En attendant, je vous donne la responsabilité de la filière commerciale". Je sais que ce titre est purement honorifique. Il s'agit de prendre en charge la responsabilité du reclassement des personnels commerce et marketing. Je suis contre les fillières. Je le lui avais dit lors de notre court échange qu'elles ne se justifiaient que pour l'informatique ou le médical ou pour bien comprendre ce que font les candidats, il faut s'y connaître un peu sans être toutefois expert. Je refuse donc cette responsabilité et il le comprend. Redevenir simple consultante me va très bien, je stresserai moins.
En attendant j'ai un vrai défi à réaliser, fermer mon bureau sans perdre un client. Pour le personnel c'est plus facile puisque Françoise a trouvé du travail, mon autre consultant arrivé en fin de CDD est déjà parti et nos secrétaires ont retrouvé du travail aussi grace à mes contacts dans les entreprises de la région. Elles vont être licenciées, je suis la seule reprise et pourtant tout le monde va m'aider pour réussir ce challenge. Je me charge des clients et avec Françoise des candidats. Les secrétaires organiseront le déménagement en relation avec les services généraux. Je n'aurais jamais réussi sans elles. Quand le Président me remercie de cette réussite, je luis répond que c'est elles qu'il doit remercier. Mon homologue sur le bureau de St Quentin nons seulement a dû se débrouiller seule mais en plus avec certains de ses collaborateurs qui lui ont causé de sérieux problèmes. Elle devait être reprise et en fait elle est partie. Je pense que c'est en partie pour cela qu'elle n'a pas été reprise. Dans les entreprises surtout dans les moments difficiles, il faut se méfier de tout le monde car potentiellement on a plus d'ennemis que d'amis.
Quant aux clients, je les appelle un par un et je leux explique les choses comme elles sont. Je les rassure quant au sort de leurs anciens salariés en leur expliquant que je vais continuer à les accompagner mais sur Paris ce qui au moins aura l'avantage de montrer aux moins mobiles que Paris n'est seulement qu'à 3/4 heure de Cergy par les transports en commun.
Je suis très étonnée de leur réaction de soutien. Le DRH d'une filale d'un grand groupe me dit que ce n'est pas à la Société X ou Y qu'il fait confiance mais à moi et que tant que je m'occuperai de ses salariés, il continuera à me donner des missions. Je conserverai presque tous nos clients.
Les déménageurs arrivent, nous sommes toutes là pour les orienter. Le Gérant qui est dans l'immeuble est qui n'a pas été prévenu de notre départ par le Siège arrive très inquiet et en colère de nous voir déménager alors qu'il lui reste plusieurs factures de loyer non payées. Une des secrétaires le reçoit et lui dit qu'effectivement nous avons oublié de le prévenir, qu'il veuille bien nous en excuser mais que nous sommes toutes licenciées et très perturbées par cela. Elle lui donne les coordonnées de l'Administrateur Judiciaire pour ses factures. Ce Monsieur s'excuse même de nous avoir opportunées dans un moment difficile pour nous.
J'arrive à Paris et Je sens tout de suite que la culture de ce nouveau groupe est très différente. Il va falloir m'adapter. Heureusement je ne suis pas seule et
j'apprends à travailler avec mes collègues parisiens de mon ancienne entreprise. Cela va être très difficile pour nous. Auparavant on nous faisait une grande confiance, nous étions très gâtés,
récompensés de nos efforts. Rien n'était trop beau pour nous, pour les clients et les candidats. Nous avions de fort caractère et avions l'habitude de nous exprimer sans hésiter et ce mode
de communication était apprécié, il faisait partie de la culture de l'entreprise. Ici c'est beaucoup plus feutré, hiérarchisé, on se croirait dans une grande administration ou on dépense
vraiment avec une extrême modération. Il faut surtout se taire mais faire la carpe, je sais.... Rappelez vous.... L'adaptation est à ce prix et ceux qui savent le faire restent, les autres
partent.
Le Président décide seul mais consulte beaucoup, il écoute avec beaucoup de patience et de politesse. Il semble parfois absent quand on lui parle mais il est déjà entrain d'intellectualiser ce
que nous lui disons. Parfois au moment où on ne s'y attend pas, il pose une question fort surprenante et pertinente, preuve qu'il n'a rien perdu. Il parle peu, nous ne savons jamais ce
qu'il pense réellement.
Ayant évolué dans les milieux politiques, il aime faire des discours et chaque année nous ne manquons pas le discours protocolaire des voeux.
Très intéressant de voir comment il peut dans le même discours dire tout et son contraire comme en politique. Un exemple, il nous explique qu'il faut que nous échangions entre salariés du même
groupe mais de différentes entités et il dit " Aimez vous les uns les autres..... mais pas trop tout de même".... Autrement dit la concurrence est bonne pour l'entreprise et je pense réellement
qu'il fait tout pour l'entretenir. C'est vrai à y réfléchir, il vaut mieux que nous soyons trois à nous battre pour avoir un client qu'il n'y en ait pas du tout à cause de l'amour universel
!!
C'est donc la guerre pour certains, guerre auquel je ne participerai pas. J'ai mes clients cela me suffit. Ils me connaissent trop pour faire appel à un autre consultant et je n'irai pas en voler d'autres à mes collègues. Ce système a ses limites. Imaginez un client qui reçoit deux propositions commerciales émanant de deux consultant du groupe avec des prestations identiques mais des honoraires différents ! C'est arrivé souvent.
Ma rémunération fixe augmente rapidement mais comme mes primes commerciales diminuent puisqu'elles sont désormais plafonnées. Je gagne moins. Comme il n'y a plus de carotte pour avancer dans le domaine commercial et surtout parce que je n'ai aucune motivation pour la chasse de nouveaux clients , je ne fais que très peu d'efforts pour aller en chercher de nouveaux . Heureusement qu'ils arrivent souvent seuls.
Je continue à accompagner des candidats mais beaucoup moins d'ouvriers, plutôt des cadres en outplacement individuel. J'anime des formations aux techniques de recherche d'emploi. Au bout d'un moment je suis lasse de ce métier n'ayant plus les responsabilités que j'avais avant.
Il faut que je puisse évoluer mais comment ?
A suivre..... le temps d'écrire la suite... En attendant prochainement de nouveau des poésies.