Merci Mamie
Publié le 10 Juillet 2010
Après :
- Les années bonheur (1953 / 1959)
- La fille de papa
- les années difficiles
- Amitiés
- Fin d'enfance
- Marie-Pierre
- Les années collège
- Rencontre sur les ondes
- Fin d'adolescence
- Le mariage
- Le voyage de noces
- En attendant le premier enfant
- C'est une...C'est un.... beau bébé
- Auto, boulot, lolo, dodo
- Un bébé appelé Désiré
- Une page se tourne
- Une nouvelle vie
Voici la suite de ma biographie : Merci Mamie
Seul gros nuage à notre bonheur, l’état de santé de ma grand-mère paternelle, celle qui m’a élevée.
Mamie est très diminuée physiquement mais elle a encore toute sa tête.
Elle ne peut rester seule à la maison.
Nous avions trouvé l’année précédente une maison de retraite à Courbevoie qui vue de l’extérieur et de l’intérieur était agréable.
Nous allions la voir le week-end. Le personnel était sympathique avec nous.
mais un jour, je suis choquée d’entendre une aide soignante s’adresser devant nous à une vieille dame en criant avec des propos désagréables et humiliants.
Mamie ne se plaignait pas, je pense qu’elle ne voulait pas nous ennuyer. D’autre fois je fus aussi témoins de scènes semblables. Mon opinion était faite. Beaucoup de personnes dans cet établissement étaient maltraitées par des membres du personnel. J’interrogeais Mamie qui me dit qu’effectivement, certains vieux les plus handicapés étaient maltraités mais pas elle. Néanmoins je ne la sens pas heureuse dans ce mouroir.
Je lui promets que je vais la sortir de la et trouver une autre maison de retraite agréable.
Après avoir contacté la mairie de Paris et expliqué les traitements qu’on faisait subir aux petits vieux dans cette maison de retraite de Courbevoie, J’obtiens comme par miracle une place pour elle dans une des maisons de retraite de la ville de Paris sur les côteaux d’Argenteuil.
Le cadre est verdoyant, il y a un beau jardin et des chambres individuelles. Mamie s’y installe donc. Le personnel est très aimable, attentionné. Je sens ma grand-mère heureuse dans cet endroit qui est proche de chez nous où nous pouvons venir le week-end la voir et elle peut venir aussi pour les repas de famille. J’espère qu’elle pourra y vivre encore quelques heureuses années.
Hélas peu de temps après y être installée, elle fait un accident vasculaire cérébral, elle s’en sort mais est très diminuée, elle nous reconnaît à peine et délire. La voir dans cet état m’est insupportable et me peine beaucoup. Un matin de bonne heure je suis appelée par le médecin de la maison de retraite qui me dit que ma grand-mère vient de faire un nouvel accident vasculaire cérébral. Il peut la garder en vie un peu en la traitant mais nous lui disons qu’il ne faut pas faire d’acharnement thérapeutique. Son pronostic vital étant de toutes façons compromis à très court terme, nous ne souhaitons pas qu’elle souffre inutilement. Nous nous précipitons à Argenteuil pour lui dire adieu. Elle nous regarde ne prononce aucun mot. J’ai du mal à contenir mes larmes, je voudrais lui que je l’aime et surtout MERCI mes les mots ne sortent pas et je m'en veux énormément et culpabilise. Elle nous quitte quelques instants après.
J’organise son enterrement. Mamie avait économisé depuis quelques années pour se payer des funérailles et une tombe décente. C'était important pour elle. Je souhaite qu’elle ait plus que cela.
Je préviens sa sœur à la Rochelle, ma tante chez qui je passais mes étés, son frêre, père dominicain, qui est en vacances chez elle, souvenez vous celui qui avait fait notre mariage. Il ne se déplacera même pas, ma tante non plus. Si je pardonne à cette dernière qui est très affaiblie et pratiquement aveugle, je ne peux l’admettre pour mon oncle qui est en bonne forme. Je couperai tout contact avec lui.
Les deux soeurs de Mamie qu’elle n’avaient pas vu depuis un moment se déplacent. Elles séjournent chez nous et je me force, malgré ma peine, à leur faire visiter Paris qu’elles ne connaissent pas. Je pense qu’elles n’y reviendront jamais. Tante Yvonne se fait voler son porte-monnaie dans le métro par un pickpocket !
La cérémonie religieuse a lieu dans la basilique Saint Denys d’Argenteuil et l’inhumation au Cimetière du Val.
Le film de cette journée repasse souvent aujourd’hui dans ma tête. C’est la première fois que je perds quelqu’un que j’aimais réellement.
La mort de mon père m’a peinée aussi mais pas de la même façon car à l’époque où il est mort, je lui en voulais beaucoup de son alcoolisme. Il m’aimait pourtant mais j’en doutais à l’époque, j’en suis certaine aujourd’hui.
Je commande une jolie pierre tombale moderne et un petit livret en pierres sur lequel je fais graver en lettres d’or ces mots que je n’ai pu prononcer « MERCI MAMIE ».